Fables- Parcours associĂ© : Imagination et pensĂ©e au XVIIe siĂšcle de Jean de La Fontaine - Collection CarrĂ©s Classiques Bac - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Au XVIIĂšme siĂšcle, La Fontaine a su donner Ă  la fable, genre antique dont Esope est le pĂšre », ses lettres de noblesse en France, et dans l’imaginaire collectif il est celui qui se ser[vait] d’animaux pour instruire les hommes ». Les fables du second recueil sont cependant diffĂ©rentes des prĂ©cĂ©dentes ; le fabuliste cherche Ă  se renouveler et varie les sources d’inspiration, puisant chez l’indien Pilpay ou dans l’actualitĂ© ses sujets ; le bestiaire est moins utilisĂ© ; la tonalitĂ© aussi a changĂ©, La Fontaine se montrant souvent plus pessimiste et satirique que moralisateur. Ce recueil n’est d’ailleurs pas dĂ©diĂ© Ă  un enfant, comme l’était le premier. La fable 10 du livre VII, Le curĂ© et le mort », est reprĂ©sentative de ce changement. S’inspirant d’une anecdote rĂ©elle, relatĂ©e par Madame de SĂ©vignĂ© Ă  sa fille dans son abondante correspondance, le fabuliste raconte l’histoire d’un curĂ© qui trouve la mort en accompagnant un mort au cimetiĂšre, alors qu’il se laissait aller Ă  la rĂȘverie. Cette fable fait pendant Ă  celle de La laitiĂšre et le Pot au lait », qui raconte une aventure construite sur le mĂȘme schĂ©ma. La thĂ©matique de l’imagination prend donc une importance dĂ©cisive. Comment le fabuliste traite-t-il le fait divers dans l’apologue, et quelle est son ambition morale ? Nous Ă©tudierons tout d’abord l’art de la narration dans cette fable, puis la visĂ©e satirique de La Fontaine dans sa description du curĂ© songeur. Nous analyserons enfin la rĂ©flexion sur la condition humaine que propose ce texte. I. L’art de la narration La Fontaine a transformĂ© le fait divers en un apologue plaisant, vif, variĂ©, qui joue des oppositions entre les personnages, et qui mĂȘle des tonalitĂ©s inattendues, compte tenu du sujet et des personnages choisis. a La briĂšvetĂ© et la variĂ©tĂ© La Fontaine a Ă©crit, avec Le curĂ© et le Mort », un petit rĂ©cit alerte. Il relate une anecdote, sans digression, en utilisant pour l’essentiel des octosyllabes, qui confĂšrent Ă  la fable un rythme vif. L’originalitĂ© de la fable tient ici au long dĂ©veloppement de la situation initiale, qui met en valeur la seule pĂ©ripĂ©tie, qui fait office Ă  la fois d’élĂ©ment perturbateur, d’élĂ©ment de rĂ©solution, et de situation finale l’accident dans lequel le curĂ© trouve la mort. La valeur dramatique de cette chute est mise en relief par la parataxe Un heurt survient, adieu le char » v30, le prĂ©sentatif VoilĂ  » v31 et l’utilisation du passĂ© composĂ© Messire Jean Chouart [
] a la tĂȘte cassĂ©e » v31. Le rĂ©cit est d’autant plus plaisant Ă  lire que le fabuliste joue sur l’alternance et la variĂ©tĂ©, pour lui donner du rythme. Il alterne les rimes plates v5-6, croisĂ©es v1-4, embrassĂ©es 29-32 ; le rĂ©cit est parfois coupĂ© par du discours direct v15-18, 21-23 ou les interventions du narrateur hĂ©las ! » v7 ; Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du rĂ©cit, La Fontaine fait alterner les temps, avec de l’imparfait v1-6, 10-14, 18-20, 24-28, du prĂ©sent de narration v30-35, d’énonciation dans les paroles rapportĂ©es, ou de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale v7, 37. La Fontaine a donc cherchĂ© Ă  garder le caractĂšre brutal de l’anecdote, tout en la rendant plaisante. bLes personnages Il dĂ©veloppe cependant suffisamment son rĂ©cit pour le lecteur jouisse des parallĂ©lismes qu’il a créés entre ses personnages. Ceux-ci sont dĂšs le titre mis en relation, avec la conjonction et » qui laisse s’interroger sur le sens souvent les personnages qui donnent le titre de la fable s’opposent, comme le Corbeau et le Renard, ou le LiĂšvre et la Tortue. Ici, il ne s’agit pas d’animaux, et le lecteur voit mal de prime abord ce que l’auteur suggĂšre. Le fabuliste utilise donc dĂšs les quatre premiers vers de forte oppositions afin d’amener le lecteur Ă  saisir l’enjeu de la fable et le caractĂšre du curĂ© les vers 1 et 3 sont construits de façon identique dĂ©terminant indĂ©fini, nom, verbe s’en allait », adverbe ; seuls les noms et les adverbes changent, et puisque les adverbes sont antithĂ©tiques tristement » / gaiement », les noms doivent ĂȘtre compris comme antithĂ©tiques eux aussi. La suite du texte est plus subtile, et ce sont les connotations qui s’opposent au mort la biĂšre » qui lui sert d’habit et qu’il n’îtera plus, au curĂ© les rĂȘveries sur les cotillons » Ă  offrir, et sans doute Ă  ĂŽter
 Par ailleurs, le lecteur du recueil , qui vient de lire La laitiĂšre et le Pot au lait », remarque la similitude entre les deux fables, et conclut que le curĂ© » est l’équivalent de la laitiĂšre », ce qui implique que le mort » est l’équivalent du pot au lait » la rĂ©ification implicite du titre, dĂ©veloppĂ©e par le participe passĂ© empaquetĂ© » v6 montre que le mort n’est plus qu’une chose, alors que le curĂ©, bien vivant, a des aspirations, des envies, d’ agrĂ©able[s] pensĂ©e[s] » v29. c La tonalitĂ© Ces oppositions permettent Ă  La Fontaine de crĂ©er dans cette fable une tonalitĂ© particuliĂšre, mĂȘlĂ©e de grivoiserie, avec les mentions des cotillons », de la niĂšce », de la chambriĂšre » v26-28 et d’humour noir, avec le curĂ© libidineux qui chemine au cĂŽtĂ© du mort en direction du cimetiĂšre, et la chute qui mĂȘle leurs deux destins. Le texte est par ailleurs ironique les reprises nominales font d’ un mort » Monsieur le mort » dans la bouche du curĂ©, et cette appellation ironique puisque faussement respectueuse est parodiĂ©e par l’auteur qui qualifie le curĂ© de Messire Jean Chouart ». De plus, afin de montrer la cupiditĂ© du curĂ© qui compte ce que pourra lui rapporter cet enterrement, le mort est par deux fois appelĂ© son mort », comme si le curĂ© s’était dĂ©jĂ  appropriĂ© les revenus dus Ă  celui-ci. L’auteur fait un jeu de mots au vers 37, car le curĂ© comptait » sur son mort, au sens d’ espĂ©rait », mais aussi au sens concret de faisait les comptes ». A partir d’une anecdote rĂ©ellement arrivĂ©e, La Fontaine construit une fable plaisante, tant par le rythme du rĂ©cit que par les caractĂ©ristiques donnĂ©es aux protagonistes ou par la tonalitĂ© toute particuliĂšre de la fable. A travers le personnage du curĂ©, La Fontaine se livre Ă  une satire fĂ©roce du clergĂ©, car ce curĂ© apparaĂźt comme un bon vivant. II. La satire du clergĂ© a La dĂ©pravation des mƓurs Le curĂ© mis en scĂšne par La Fontaine apparaĂźt comme un ĂȘtre dĂ©pravĂ©. Avec l’argent de l’enterrement, il rĂȘve d’acheter une feuillette », c’est-Ă -dire un tonneau, du meilleur vin des environs » ; La Fontaine s’inscrit dans la tradition anti-clĂ©ricale qui voit dans les hommes d’Eglise des ivrognes invĂ©tĂ©rĂ©s. Son autre projet est d’acheter des cotillons », des jupons, Ă  sa niĂšce et Ă  sa femme de chambre ; La Fontaine fait du curĂ© de sa fable un homme lascif. Le thĂšme de la sensualitĂ© est tout d’abord Ă©voquĂ© dans les vers consacrĂ©s au mort, qui ne connaĂźtra plus les jouissances de la chair son cercueil est dĂ©signĂ© par trois fois comme une robe », dont les morts ne peuvent se dĂ©vĂȘtir v7-8. Il est repris dans l’ agrĂ©able pensĂ©e » v29 du curĂ© qui veut acheter des dessous pour certaine niĂšce » et une chambriĂšre nommĂ©e PĂąquette », dont le nom Ă©voque une femme lĂ©gĂšre. Le curĂ© apparaĂźt donc comme un individu lubrique, qui profite de son ascendant social et moral sur sa femme de chambre, et a mĂȘme des pensĂ©es incestueuses avec sa niĂšce. La Fontaine charge le portrait, en appelant, par deux fois, le curĂ© Messire Jean Chouart » v18,31 Messire » est le titre donnĂ© aux gens d’Eglise ; Jean Chouart » est une rĂ©fĂ©rence Ă  Rabelais, qui dĂ©signe ainsi, dans Pantagruel ou le Quart Livre, le sexe masculin. Le personnage est donc rĂ©duit Ă  son organe, ce qui montre son cĂŽtĂ© jouisseur ; l’association du titre qui rappelle son statut d’homme d’Eglise, son cĂŽtĂ© spirituel, et du pĂ©nis qui renvoie au cĂŽtĂ© sensuel de l’homme est fĂ©rocement satirique. Le curĂ© est montrĂ© comme un ĂȘtre dĂ©pravĂ© qui est prĂȘt Ă  cĂ©der au pĂ©chĂ© de luxure. b La cupiditĂ© Le curĂ© est par ailleurs montrĂ© comme un ĂȘtre cupide, intĂ©ressĂ© seulement par l’argent que peut lui rapporter le mort. Par une pensĂ©e charitable pour notre dĂ©funt » ne vient au pasteur ». Il ne songe qu’à ce qu’il va gagner il ne s’agit que du salaire » v17, j’aurai de vous tant en argent, et tant en cire, et tant en autres menus coĂ»ts » v21-23. La rĂ©pĂ©tition de tant » dĂ©voile les calculs auxquels se livre le prĂȘtre, qui comptabilise sa rĂ©tribution, l’argent payĂ© par les fidĂšles pour les cierges et les dĂ©tails du service funĂšbre. Son mort » devient donc pour le curĂ© un trĂ©sor », qu’il couve » des yeux, ce qui traduit bien sa cupiditĂ©. Le jeu de mots final le curĂ© Chouart, qui sur son mort comptait » rappelle une derniĂšre fois au lecteur le caractĂšre intĂ©ressĂ© du prĂȘtre. Au rebours de toutes les valeurs chrĂ©tiennes, le mort devient donc pour l’Eglise une valeur marchande. Il n’est plus qu’une chose, dont on oublie l’ñme, bien et dĂ»ment empaquetĂ© » que l’on emmĂšne au cimetiĂšre au plus vite » pour toucher son salaire ». L’insistance de La Fontaine sur la biĂšre » v7, le plomb » v33 montre la rĂ©ification de la personne pour le clergĂ©, qui ne se prĂ©occupe pas de spiritualitĂ© mais se rĂ©vĂšle mercantile. Les pensĂ©es du prĂȘtre mettent en valeur la relation conçue sur l’échange et le profit on vous en donnera [des priĂšres] de toutes les façons » et j’aurai de vous tant [
] ». c L’hypocrisie En mettant au jour les pĂ©chĂ©s des gens d’Eglise, qui cĂšdent facilement Ă  l’avarice et Ă  la luxure, La Fontaine fait surtout ressortir leur hypocrisie. C’est sous prĂ©texte de spiritualitĂ© et de salut de l’ñme que sont dites les priĂšres et effectuĂ©es les cĂ©rĂ©monies religieuses. Or, dans ce texte, le fabuliste met en opposition les paroles effectivement prononcĂ©es et les pensĂ©es rĂ©elles du prĂȘtre. Il rĂ©citait, Ă  l’ordinaire, / Maintes dĂ©votes oraisons, / Et des psaumes, et des leçons, / Et des versets, et des rĂ©pons » trois vers sont consacrĂ©s Ă  l’énumĂ©ration des diffĂ©rentes priĂšres chantĂ©es ou lues par le curĂ©, avec la rĂ©pĂ©tition et l’anaphore de la conjonction et » qui marque l’accumulation. DerriĂšre cette dĂ©monstration de religiositĂ© et de foi, se dissimulent des pensĂ©es non avouables On vous en donnera de toutes les façons ; / Il ne s’agit que du salaire ». L’ingĂ©niositĂ© de La Fontaine consiste Ă  inverser dans la fable les procĂ©dĂ©s attendus les priĂšres prononcĂ©es sont rapportĂ©es de façon indirecte, tandis que les pensĂ©es du curĂ© sont rapportĂ©es au style direct. Celles-ci prennent donc plus de relief, et paraissent plus vraies que les litanies de priĂšres dĂ©bitĂ©es effectivement. De plus, le curĂ© semble se moquer du mort s’adressant mentalement Ă  lui, il le nargue, en l’appelant Monsieur le Mort » et en Ă©numĂ©rant les profits rĂ©alisĂ©s grĂące Ă  lui. L’anecdote permet donc Ă  La Fontaine de livrer une virulente satire des hommes d’Eglise, montrĂ©s comme des ĂȘtres dĂ©pravĂ©s, cupides et hypocrites. Mais la fable n’est pas seulement ironique elle invite Ă  rĂ©flĂ©chir sur l’humaine condition. III. Une rĂ©flexion sur la condition humaine Dans les trois derniers vers, sĂ©parĂ©s du texte par un espace, et qui apparaissent comme la moralitĂ© de la fable, La Fontaine estime que le curĂ© Chouart », c’est-Ă -dire l’aventure du curĂ© Chouart, est proprement toute notre vie ». Le lecteur est donc amenĂ© Ă  voir dans cet apologue une image de sa propre destinĂ©e. a La finitude En choisissant comme personnages un mort et un curĂ© qui meurt, La Fontaine montre le destin humain sous le signe de la finitude. Il attire notre attention sur notre devenir commun, en insistant sur le cercueil, et en faisant part de son chagrin personnel une robe, hĂ©las ! qu’on nomme biĂšre ». Il tente cependant une dĂ©dramatisation en prĂ©sentant le mort avec des caractĂ©ristiques de vivant la terre est son dernier gĂźte », il est vĂȘtu d’une robe », et se rĂ©vĂšle, Ă  son insu, acteur de la fin du curĂ© le Paroissien en plomb entraĂźne son pasteur ». Mais si l’auteur, dans ses interventions, refuse d’évoquer le mort de façon morbide, le personnage du curĂ©, on l’a vu, le renvoie Ă  sa finitude en le considĂ©rant comme une chose, dont il peut tirer profit. La brutalitĂ© de la chute rappelle d’ailleurs au lecteur que nul n’est Ă  l’abri La Fontaine utilise le paradoxe de l’anecdote pour rendre compte des alĂ©as de la fortune, qui peuvent ĂȘtre tragiques. Les deux personnages mis en opposition tout le long de la fable, l’un mort et n’ayant plus droit Ă  rien, l’autre bien vivant et plein d’espĂ©rance, se retrouvent unis dans le mĂȘme destin tous deux s’en vont de compagnie ». Le chiasme dĂ©veloppĂ© dans les vers 33-34 suggĂšre le retournement de situation complet et rapide qui s’opĂšre. Le curĂ© en mourant devient lui aussi chose sans volontĂ© et sans pouvoir, soumis Ă  la fatalitĂ© le mort l’ entraĂźne », lui suit ». La reprise du verbe s’en aller » s’en vont », v35, prĂ©sent dans le premier vers, et conjuguĂ© cette fois-ci au pluriel clĂŽt le rĂ©cit sur une idĂ©e de fin totale. b Le pouvoir de l’imagination Ce n’est pas seulement sur ce thĂšme que La Fontaine veut faire rĂ©flĂ©chir le lecteur ; la mĂȘme anecdote racontĂ©e par Madame de SĂ©vignĂ© dans sa lettre du 26 fĂ©vrier 1672 tenait en trois phrases M. de Boufflers a tuĂ© un homme aprĂšs sa mort. Il Ă©tait dans sa biĂšre et en carrosse on le menait Ă  une lieue de Boufflers pour l’enterrer ; son curĂ© Ă©tait avec le corps. On verse ; la biĂšre coupe le cou au pauvre curĂ©. » Ce qui l’a frappĂ©e est le paradoxe de cette mort inattendue. La Fontaine, s’il ne nĂ©glige pas cet aspect, a dĂ©veloppĂ© son rĂ©cit en y intĂ©grant les pensĂ©es intimes du curĂ©, et en modifiant ainsi la portĂ©e de l’anecdote. Celle-ci a donc pour thĂ©matique l’imagination. La morale est d’ailleurs explicite, ce qu’il faut retenir de cet apologue est que le curĂ© comptait » sur le Mort » comme Perrette comptait sur le Pot au lait ». L’auteur invite donc le lecteur Ă  comparer les deux fables afin d’en dĂ©gager le sens moral. La LaitiĂšre et le Pot au lait » raconte la rĂȘverie d’une laitiĂšre sur le profit qu’elle imagine pouvoir tirer de son lait, et se voit dĂ©jĂ  acheter des poulets, puis un cochon, une vache et un veau ; mais dans l’exaltation de ses pensĂ©es, elle fait tomber son pot adieu veau, vache, cochon, couvĂ©e ». La Fontaine rĂ©utilise l’expression, mais de façon moins dĂ©veloppĂ©e dans Le CurĂ© et le Mort » adieu le char ». La fable invite donc Ă  prendre en considĂ©ration le pouvoir de l’imagination qui dirige nos vies. c Une vision pessimiste de la vie Le lecteur constate toutefois une diffĂ©rence de taille entre les deux fables. Certes, le thĂšme et la progression du rĂ©cit sont les mĂȘmes, mais la fable de La LaitiĂšre » s’inscrit dans une thĂ©matique de vie, avec l’évocation des animaux et de leur prolifĂ©ration ; la fable du CurĂ© » est empreinte de mort. Surtout, la rĂȘverie de la LaitiĂšre suscite de la part du lecteur une certaine identification, comme de la part de l’auteur Quel esprit ne bat la campagne ? [
] Quand je suis seul, je fais au plus brave un dĂ©fi [
] Quelque accident fait-il que je rentre en moi-mĂȘme, / Je suis gros Jean comme devant ». La morale de la fable Le CurĂ© et le Mort » n’est pas lyrique, et si le fabuliste invite Ă  se reconnaĂźtre dans le destin du curĂ© avec l’utilisation de la premiĂšre personne du pluriel notre vie », v36, la tonalitĂ© est diffĂ©rente. L’imagination chez l’homme est telle qu’elle permet des suppositions et des rĂȘveries mĂȘme Ă  propos des morts, rien ne l’arrĂȘte elle transforme mĂȘme l’homme en ĂȘtre cynique et amoral, pour qui tout support est bon, tant qu’il permet l’espoir et l’essor de l’imagination. Conclusion Avec Le CurĂ© et le Mort », La Fontaine a Ă©crit un rĂ©cit plaisant, au rythme alerte, aux effets variĂ©s, d’une tonalitĂ© originale, mĂȘlant l’humour et l’ironie. L’opposition des personnages permet de mettre en valeur les dĂ©fauts du curĂ© lascif, cupide et hypocrite, Ă  travers lequel La Fontaine fait une satire virulente des gens du clergĂ©, qui se prĂ©occupent de notions plus matĂ©rielles que spirituelles. Cette fable est aussi l’occasion pour le fabuliste de dĂ©velopper la rĂ©flexion amorcĂ©e avec La LaitiĂšre et le Pot au lait » sur le pouvoir de l’imagination qui nous Ă©loigne du rĂ©el ; dans Le CurĂ© et le Mort », elle apparaĂźt comme aussi nĂ©cessaire que l’espĂ©rance, mais liĂ©e Ă  l’égoĂŻsme fondamental de l’ĂȘtre humain. Dansles fables qui composent les livres VII Ă  XI, La Fontaine dresse - sous des apparences plaisantes - un tableau sans concession du Grand SiĂšcle. Ce faisant, il nous offre un art de vivre fondĂ© sur la rĂȘverie, l'amitiĂ© et l'amour. Le parcours " Imagination et pensĂ©e au XVIIe siĂšcle " 10 textes du XVIIe siĂšcle pour comprendre comment ï»żImagination et pensĂ©e » dans Les Fables - Jean La FontaineLes Fables, livres VII Ă  XI – La Fontaine 1678Et pour suivre la leçon en vidĂ©o, c'est par ici !... I. ÉlĂ©ments de culture littĂ©raire1. L'argumentation → distinction... -a argumentation directe = genre qui aborde un sujet de rĂ©flexion, ouvertement Ex Les essais oĂč Montaigne se propose de disserter sur tel ou tel sujet -b argumentation indirecte = genre qui emploie le dĂ©tour de la fiction pour aborder un sujet Ex Les Fables oĂč La Fontaine met en scĂšne des animaux pour Ă©voquer l'ĂȘtre-humain, la sociĂ©tĂ© etc. → spĂ©cificitĂ© de l'apologue... = rĂ©cit court avec une morale, plus ou moins explicitĂ© → contes en prose de Perrault → paraboles dans la bible → fables en gĂ©nĂ©ral Des citations qui mettent bien... L'apologue est composĂ© de deux parties, dont on peut appeler l'une le Corps, l'autre l'Ăąme. Le Corps est la Fable ; l'Âme, la moralitĂ©. » dans PrĂ©face » L'apologue est un don qui vient des immortels. » dans À Madame de Montespan »2. Le classicisme SensibilitĂ© dĂ©signĂ©e usuellement comme “ mouvement ” en quĂȘte d'ordre et de mesure, aprĂšs l'exubĂ©rance du baroque. // stabilisation de la monarchie → absolue et de l'État moderne sur le plan national, aprĂšs les troubles des guerres de religion. → codification et rĂšgles de composition, inspirĂ©es par la redĂ©couverte de textes antiques La PoĂ©tique d'Aristote Ex les 3 unitĂ©s dans le théùtre classique... OR - diversitĂ© et variĂ©tĂ© de composition au cƓur des Fables J'ai tĂąchĂ© de mettre en ces deux derniĂšres Parties toute la diversitĂ© dont j'Ă©tais capable. », dans Avertissement » + Ex hĂ©tĂ©romĂ©trie vers de longueurs inĂ©gales → le talent du fabuliste et le plaisir du rĂ©cit prime sur l'ordre...3. Le moralisme MAIS Partie prenante de cette vocation “ classiciste ” d'ordre et de mesure, une rĂ©flexion morale sur le comportement et les modĂšles Ă  suivre pour l'ĂȘtre-humain. → dĂ©nonciation des excĂšs au travers des caractĂšres » → maximes et aphorismes pour guider les lecteurs → apologues et fables pour illustrer une morale » → principe-clĂ© du classicisme moraliste Placere et docere » -a placere = plaire → le corps », c'est-Ă -dire le rĂ©cit du fabuliste -b docere = instruire → l'Ăąme », c'est-Ă -dire la moralitĂ©, le sens allĂ©gorique Les citations qui mettent bien... Une morale nue apporte de l’ennui / Le conte fait passer le prĂ©cepte avec lui. / En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire, /Et conter pour conter me semble peu d’affaire. » dans Le pĂątre et le lion » Par les raisonnements et consĂ©quences que l'on peut tirer de ces Fables, on se forme le jugement et les mƓurs, on se rend capable de grandes choses. » dans PrĂ©face »II. Les mots du programme1. Imagination Étymologie = latin imago » → facultĂ© qui permet de former des visions ; puis de crĂ©er des images mentales ; enfin de les recomposer afin d'imaginer des choses inĂ©dites. Questionnement autour du vrai et du faux... C’est cette partie dominante dans l’homme, cette maĂźtresse d’erreur et de faussetĂ©, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours, car elle serait rĂšgle infaillible de vĂ©ritĂ© si elle l’était infaillible du mensonge. » dans Les PensĂ©es de Pascal2. PensĂ©e → renvoi Ă  la rĂ©flexion... -a comme Ă©lĂ©ment de culture la pensĂ©e des classiques » = ensemble d'idĂ©es -b comme processus la pensĂ©e consciente » = vie de l'esprit Imagination et pensĂ©e » dans Les Fables - Jean La Fontaine Imagination et pensĂ©e » dans Les Fables - Jean La FontaineQuelques sujets enfin... Dans quelle mesure faut-il prendre les Fables de La Fontaine au sĂ©rieux ? Vous rĂ©pondrez Ă  cette question dans un dĂ©veloppement organisĂ©. Votre rĂ©flexion prendra appui sur l'Ɠuvre de Jean de La Fontaine au programme, sur le travail menĂ© dans le cadre du parcours associĂ© et sur votre culture personnelle. Question ouverte =interrogation partielle = plan thĂ©matique[-dialectique] La premiĂšre mesure le corps -un rĂ©cit entraĂźnant Le deuxiĂšme mesure l'Ăąme -une leçon Ă  retenir La troisiĂšme mesure l'Ăąme bis -l'apprentissage de la rĂ©flexion, les fables m'apprennent Ă  me poser des questions → l'imagination facultĂ© de l'Ăąme qui implique une vigilance constante, et donc un questionnement perpĂ©tuel, une attitude de rĂ©flexion prolongĂ©e I. Les fables ne paraissent pas tellement sĂ©rieuses Ă  premiĂšre vue. a privilĂšge du rĂ©cit entraĂźnant la fiction domine + virtuositĂ© du conteur avec la briĂšvetĂ© dans la mise en place du schĂ©ma narratif + hĂ©tĂ©romĂ©trie b s'Ă©vader du rĂ©el le merveilleux anthropomorphisme + exotique c l'humour et la dĂ©rision un grotesque aux proportions Ă©piques Les deux coqs, la tortue et les deux canards, un comique de l'absurde le curĂ© et le mort, L'ours et l'amateur des jardins, le mal mariĂ© position personnelle du fabuliste qui se moqueII. Mais en fait on retrouve un aspect sĂ©rieux au cƓur des fables il en va de la moralitĂ© le placere du I est complĂ©tĂ© avec le docere a la dualitĂ© de la fiction et de la morale place privilĂ©giĂ©e dans l'ordre de la fable + formule percutante Ă  la maniĂšre d'un proverbe + interpellation du fabuliste , impĂ©ratif Les obsĂšques de la Lionne », Le hĂ©ron La fille » Ecoutez lecteurs, dialogue L'homme et la couleuvre » b leçons de morale sens allĂ©gorique des diffĂ©rents animaux =qualitĂ©s ou dĂ©fauts moraux → comprendre le genre humain et ses caractĂšres en dĂ©chiffrant la signification morale de la fable c critique de la sociĂ©tĂ© et de l'injustice la figure du Lion qui incarne l'ordre absolutiste et toutes les fables qui renvoient au fonctionnement de la courIII. Au-delĂ  de ces leçons de morale, les fables portent plus loin encore la rĂ©flexion en ce qu'elles nous questionnent plutĂŽt que de nous apporter des rĂ©ponses... J'apprends Ă  penser. -a l'interrogation en attente d'une rĂ©ponse questions au lecteur ou morale implicite -b le dĂ©sir de philosopher → Discours Ă  Mme de La SabliĂšre qui est une rĂ©plique Ă  la doctrine cartĂ©sienne de l'animal-machine, et qui ouvre un dĂ©bat sur les diffĂ©rents types d'ĂȘtres-vivants. -c Interroger l'imagination → la fable ne fait pas qu'exploiter les ressources de l'imagination, elle interroge son rĂŽle et ses limites = ambivalence de l'imagination dans les diffĂ©rentes fables → La laitiĂšre + Le pouvoir des fables Christian Biet, critique contemporain, dĂ©finit la fable comme un mensonge qui dit la vĂ©ritĂ© ». À la lumiĂšre de votre lecture des livres VII Ă  XI des Fables et des textes Ă©tudiĂ©s dans le parcours Imagination et pensĂ©e au XVIIe siĂšcle », vous vous demanderez dans quelle mesure l'imagination dans les fables est efficace pour dĂ©livrer une pensĂ©e sur l' La fable est avant tout mensonge imaginaire le plaisir fictionnel prime sur les autres Mais ce plaisir de la fiction sert en dĂ©finitive l'instruction et ses vĂ©ritĂ©s morales en captivant le Plus encore, l'imagination employant l'apologue fictif permet de concevoir des choses inĂ©dites et d'interroger avec un regard nouveau certaines questions elle dĂ©livre la pensĂ©e de l'homme ! Dans sa fable intitulĂ©e Le BĂ»cheron et Mercure », La Fontaine dĂ©finit ainsi le genre de la fable Une ample ComĂ©die Ă  cent actes divers, / Et dont la scĂšne est l'Univers. » Qu'en pensez vous ?Quelques sujets enfin... Dans quelle mesure faut-il prendre les Fables de La Fontaine au sĂ©rieux ? Vous rĂ©pondrez Ă  cette question dans un dĂ©veloppement organisĂ©. Votre rĂ©flexion prendra appui sur l'Ɠuvre de Jean de La Fontaine au programme, sur le travail menĂ© dans le cadre du parcours associĂ© et sur votre culture personnelle. Question ouverte =interrogation partielle = plan thĂ©matique[-dialectique] La premiĂšre mesure le corps -un rĂ©cit entraĂźnant Le deuxiĂšme mesure l'Ăąme -une leçon Ă  retenir La troisiĂšme mesure l'Ăąme bis -l'apprentissage de la rĂ©flexion, les fables m'apprennent Ă  me poser des questions → l'imagination facultĂ© de l'Ăąme qui implique une vigilance constante, et donc un questionnement perpĂ©tuel, une attitude de rĂ©flexion prolongĂ©e I. Les fables ne paraissent pas tellement sĂ©rieuses Ă  premiĂšre vue. a privilĂšge du rĂ©cit entraĂźnant la fiction domine + virtuositĂ© du conteur avec la briĂšvetĂ© dans la mise en place du schĂ©ma narratif + hĂ©tĂ©romĂ©trie b s'Ă©vader du rĂ©el le merveilleux anthropomorphisme + exotique c l'humour et la dĂ©rision un grotesque aux proportions Ă©piques Les deux coqs, la tortue et les deux canards, un comique de l'absurde le curĂ© et le mort, L'ours et l'amateur des jardins, le mal mariĂ© position personnelle du fabuliste qui se moqueII. Mais en fait on retrouve un aspect sĂ©rieux au cƓur des fables il en va de la moralitĂ© le placere du I est complĂ©tĂ© avec le docere a la dualitĂ© de la fiction et de la morale place privilĂ©giĂ©e dans l'ordre de la fable + formule percutante Ă  la maniĂšre d'un proverbe + interpellation du fabuliste , impĂ©ratif Les obsĂšques de la Lionne », Le hĂ©ron La fille » Ecoutez lecteurs, dialogue L'homme et la couleuvre » b leçons de morale sens allĂ©gorique des diffĂ©rents animaux =qualitĂ©s ou dĂ©fauts moraux → comprendre le genre humain et ses caractĂšres en dĂ©chiffrant la signification morale de la fable c critique de la sociĂ©tĂ© et de l'injustice la figure du Lion qui incarne l'ordre absolutiste et toutes les fables qui renvoient au fonctionnement de la courIII. Au-delĂ  de ces leçons de morale, les fables portent plus loin encore la rĂ©flexion en ce qu'elles nous questionnent plutĂŽt que de nous apporter des rĂ©ponses... J'apprends Ă  penser. -a l'interrogation en attente d'une rĂ©ponse questions au lecteur ou morale implicite -b le dĂ©sir de philosopher → Discours Ă  Mme de La SabliĂšre qui est une rĂ©plique Ă  la doctrine cartĂ©sienne de l'animal-machine, et qui ouvre un dĂ©bat sur les diffĂ©rents types d'ĂȘtres-vivants. -c Interroger l'imagination → la fable ne fait pas qu'exploiter les ressources de l'imagination, elle interroge son rĂŽle et ses limites = ambivalence de l'imagination dans les diffĂ©rentes fables → La laitiĂšre + Le pouvoir des fables Christian Biet, critique contemporain, dĂ©finit la fable comme un mensonge qui dit la vĂ©ritĂ© ». À la lumiĂšre de votre lecture des livres VII Ă  XI des Fables et des textes Ă©tudiĂ©s dans le parcours Imagination et pensĂ©e au XVIIe siĂšcle », vous vous demanderez dans quelle mesure l'imagination dans les fables est efficace pour dĂ©livrer une pensĂ©e sur l' La fable est avant tout mensonge imaginaire le plaisir fictionnel prime sur les autres Mais ce plaisir de la fiction sert en dĂ©finitive l'instruction et ses vĂ©ritĂ©s morales en captivant le Plus encore, l'imagination employant l'apologue fictif permet de concevoir des choses inĂ©dites et d'interroger avec un regard nouveau certaines questions elle dĂ©livre la pensĂ©e de l'homme ! Dans sa fable intitulĂ©e Le BĂ»cheron et Mercure », La Fontaine dĂ©finit ainsi le genre de la fable Une ample ComĂ©die Ă  cent actes divers, / Et dont la scĂšne est l'Univers. » Qu'en pensez vous ? Fables livres VII Ă  XI de La Fontaine - BAC Français 1re - Parcours associĂ© Imagination et pensĂ©e au XVIIe siĂšcle - Ă©dition prescrite - CarrĂ©s Classiques Oeuvres IntĂ©grales - EPUB Jean de La Fontaine, Florence Renner, Anne Cassou-NoguĂšs Nathan Oeuvres intĂ©grales BAC 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID _oWxXFyEKgOnfEsW1QN86NHUSBr6P6mZ8KPWMusN_V1dnGShoUHrFA==
DemĂȘme, aprĂšs avoir analysĂ© les Fables de La Fontaine sous l’angle « imagination et pensĂ©e au XVII e siĂšcle », ils liraient La Barbe bleue. EugĂšne Jansson . La lecture transversale Mais un texte intĂ©gral se prĂȘte surtout Ă  une lecture transversale : il s’agit de l’étudier comme un tout cohĂ©rent, non comme une juxtaposition de petits textes
INSTRUIRE ET PLAIRELes auteurs des XVIIĂšme et XVIIIĂšme siĂšcles ne pouvaient se satisfaire pleinement du discours didactique sĂ©rieux ils ont donc conçu des stratĂ©gies qui servaient leur engagement et mĂ©nageaient le plaisir de la AUX ARMES DE L'ESPRITHĂ©ritiĂšre de l'apologue antique, la fable emprunte chez Jean de La Fontaine cent masques divers, et se glisse dans les allĂ©es du pouvoir. Charles Perrault, de son cĂŽtĂ©, redonne vie au conte populaire et Voltaire, un peu plus tard, mĂȘle critique et fantaisie, dans le conte philosophique. D'autres, pendant ce temps, tracent des chemins originaux, prĂ©fĂ©rant les formes brĂšves ou dialoguĂ©es. DES FABLES POUR PLAIRE ET INSTRUIRE...Sources anciennes Lorsqu'en 1668 paraĂźt le recueil intitulĂ© Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, leur auteur a 47 ans. Le genre n'est pas nouveau le Grec ESOPE VIĂšme siĂšcle av. vient d'ĂȘtre traduit en latin et un autre fabuliste, PHEDRE Latin du 1er siĂšcle ap. avait enseignĂ© une morale en privilĂ©giant la mise en scĂšne d'animaux. La Fontaine reconnaĂźt qu'il imite ces grands prĂ©dĂ©cesseurs, mais il revendique une volontĂ© nouvelle avec le "charme et l'air agrĂ©able" de la poĂ©sie, "habiller des livrĂ©es des Muses", des historiettes destinĂ©es Ă  "instruire et plaire".240 fables en 25 ans !Le succĂšs des six premiers livres du 1er recueil est immĂ©diat aprĂšs deux rĂ©impressions de 1668, il y aura trois rééditions l'annĂ©e suivante. DĂ©sormais, La Fontaine ne cesse plus de composer son intense activitĂ© poĂ©tique donne naissance, en mai 1678, aux livres VII et VIII de la nouvelle Ă©dition, suivis en 1679 des livres IX Ă  XI. Le livre XII clĂŽt le recueil de lyriques, satiriques ou philosophiques..."Je me sers d'animaux pour instruire les hommes", affirme le fabuliste. Il renoue avec la fable animaliĂšre cf. ESOPE ou PHEDRE, les animaux sont les protagonistes privilĂ©giĂ©s et sont dotĂ©s de caractĂ©ristiques traditionnelles qui permettent de glisser des critiques et de faire rĂ©flĂ©chir sur les comportements. La fantaisie poĂ©tique s'Ă©panouit en une "comĂ©die Ă  cent actes divers", dont les acteurs se nomment "Le Corbeau et le Renard", "Le Loup et le Chien", mais aussi "L'HuĂźtre et les plaideurs", "Le ChĂȘne et le Roseau"...La 2Ăšme livraison des Fables ajoute une autre source d'inspiration l'Indien PILPAY IIIĂšme siĂšcle. Les sujets sont dĂ©sormais plus politiques, religieux et philosophiques, la poĂ©sie Ă©lĂ©giaque fait son apparition "Les Animaux malades de la peste", "Le Vieillard et les trois jeunes gens", "Les Deux Pigeons" notamment appartiennent Ă  cette galerie de nouveaux aussi chez PILPAY que La Fontaine trouvera ses modĂšles pour les fables du livre XII l'intervention du fabuliste se fait plus nette et la rĂ©flexion philosophique domine dans "Le Cerf malade", "Le Singe" ou "Le Philosophe scythe".Le corps et l'Ăąme de la fableLues et Ă©tudiĂ©es dans les Ă©coles du vivant de leur auteur, les Fables accompagnĂšrent par la suite des gĂ©nĂ©rations d'Ă©lĂšves dans l'apprentissage de la nature humaine et de la vie en sociĂ©tĂ©. Les Fables ont une apparence simple l'univers des animaux est proche de l'enfance, la leçon est souvent donnĂ©e explicitement Ă  la fin... Pourtant elles sont souvent plus ambiguĂ«s qu'il n'y paraĂźt. Elles recĂšlent des nuances subtiles. OEuvre ouverte, parfois contradictoire, jamais dĂ©finitive, les Fables sont tantĂŽt lues comme un Ă©loge appuyĂ© de l'ordre monarchique, tantĂŽt comprises comme une dĂ©nonciation des abus de ce mĂȘme pouvoir. Elles posent aussi sur l'humanitĂ© un regard sombre et fĂ©roce. La satire permet Ă©galement de se moquer des petits et des grands travers des les Fables sont d'abord une oeuvre poĂ©tique utilisant toutes les ressources de la mĂ©trique, jouant sur les rythmes et les sonoritĂ©s, elles crĂ©ent un univers autonome. Les hommes et les animaux surgissent dans la vĂ©ritĂ© de leur caractĂšre, au milieu de paysages familiers, et toujours sous le regard amusĂ© de La Fontaine. QUAND LA FONTAINE FAIT L’ELOGE DE L’APOLOGUE 
L'apologue est composĂ© de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'Ăąme. Le corps est la fable ; l'Ăąme, la moralitĂ©. PrĂ©face des FablesPlutĂŽt que d'ĂȘtre rĂ©duits Ă  corriger nos habitudes, il faut travailler Ă  les rendre bonnes pendant qu'elles sont encore indiffĂ©rentes au bien ou au mal. Or quelle mĂ©thode y peut contribuer plus utilement que ces fables ? Dites Ă  un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s'engagea dans leur pays sans considĂ©rer comment il en sortirait ; que cela le fit pĂ©rir, lui et son armĂ©e, quelque effort qu'il fit pour se retirer. Dites au mĂȘme enfant que le renard et le bouc descendirent au fond d'un puits pour y Ă©teindre leur soif ; que le renard en sortit s'Ă©tant servi des Ă©paules et des cornes de son camarade comme d'une Ă©chelle ; au contraire, le bouc y demeura pour n'avoir pas eu tant de prĂ©voyance ; et par consĂ©quent il faut considĂ©rer en toute chose la fin . Je demande lequel de ces deux exemples fera le plus d'impression sur cet enfant ne s'arrĂȘtera-t-il pas au dernier, comme plus conforme et moins disproportionnĂ© que l'autre Ă  la petitesse de son esprit ? PrĂ©face des FablesS'il y a quelque chose d'ingĂ©nieux dans la rĂ©publique des lettres, on peut dire que c'est la maniĂšre dont Esope a dĂ©bitĂ© sa morale. Il serait vĂ©ritablement Ă  souhaiter que d'autres mains que les miennes y eussent ajoutĂ© les ornements de la poĂ©sie, puisque le plus sage des anciens a jugĂ© qu'ils n'y Ă©taient pas inutiles. J'ose, Monseigneur, vous en prĂ©senter quelques essais. C'est un entretien convenable Ă  vos premiĂšres annĂ©es. Vous ĂȘtes en un Ăąge oĂč l'amusement et les jeux sont permis aux princes; mais en mĂȘme temps, vous devez donner quelques unes de vos pensĂ©es Ă  des rĂ©flexions sĂ©rieuses. Tout cela se rencontre aux fables que nous devons Ă  Esope. L'apparence en est puĂ©rile, je le confesse, mais ces puĂ©rilitĂ©s servent d'enveloppe Ă  des vĂ©ritĂ©s importantes. [
] DĂ©dicace des Fables A Monseigneur le DauphinLes fables ne sont pas ce qu'elles semblent ĂȘtre ;Le plus simple animal nous y tient lieu de morale nue apporte de l'ennui Le conte fait passer le prĂ©cepte avec ces sortes de feinte il faut instruire et plaire,Et conter pour conter me semble peu d' par cette raison qu'Ă©gayant leur esprit,Nombre de gens fameux en ce genre ont ont fui l'ornement et le trop d' ne voit point chez eux de parole perdue. DĂ©but de la fable Le pĂątre et le lion, Livre VIL'apologue est un don qui vient des Immortels; Ou, si c'est un prĂ©sent des hommes,Quiconque nous l'a fait mĂ©rite des autels Nous devons, tous tant que nous sommes, Eriger en divinitĂ©Le sage par qui fut ce bel art proprement un charme il rend l'Ăąme attentive, Ou plutĂŽt il la tient captive, Nous attachant Ă  des rĂ©citsQui mĂšnent Ă  son grĂ© les coeurs et les esprits.DĂ©dicace du second recueil des Fables Ă  Mme de Montespan SATIREPiĂšce de vers oĂč l'auteur attaque les vices et les ridicules de son temps. Pamphlet ordinairement mĂȘlĂ© de prose et de vers, dans lequel on s'attaque aux mƓurs publiques. Écrit, propos, Ɠuvre par lesquels on raille ou on critique vivement quelqu'un ou quelque chose par exemple un film peut ĂȘtre une satire des mƓurs LA FONTAINE dans ses Fables, VOLTAIRE dans ses contes philosophiques, mettent en oeuvre une plume satirique ils recourent volontiers Ă  l'ironie ce qui exige du lecteur un dĂ©cryptage du texte mais aussi au registre satirique. En effet, ils s'ingĂ©nient Ă  ridiculiser les travers de la sociĂ©tĂ© et des hommes. Ainsi le moraliste et le philosophe amĂšnent le lecteur Ă  dĂ©gager l'implicite de leurs rĂ©cits. La lecture doit donc ĂȘtre active et vigilante puisqu'il faut repĂ©rer les indices de l'ironie et les procĂ©dĂ©s de la satire. La dimension critique des fables et des contes philosophiques demande une attention aiguĂ« car il faut ĂȘtre en mesure de reformuler explicitement les messages critiques sous-entendus. LA FONTAINE recourt aussi assez souvent au discours indirect libre pour mettre Ă  distance des propos qui doivent nous paraĂźtre scandaleux, comme lors des rĂ©actions des courtisans dans "Les Animaux malades de la peste" pour dĂ©signer le pauvre Ane - qui n'est guĂšre coupable en vĂ©ritĂ© mais qui sera sacrifiĂ© par la communautĂ© animale - , le fabuliste use des mots "pelĂ©", "galeux", "maudit animal" pour traduire les propos haineux de ses attaquants. La Fontaine donne Ă  entendre la mauvaise foi des puissants qui s'en prennent aisĂ©ment aux petites gens pour conjurer les flĂ©aux tels que la peste. La morale explicite confirme cette lecture et l'enjeu critique de la fable "Selon que vous serez puissant ou misĂ©rable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." LA FONTAINE L'Homme et la CouleuvreUn Homme vit une Couleuvre. Ah ! mĂ©chante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre AgrĂ©able Ă  tout l'univers. A ces mots, l'animal pervers C'est le serpent que je veux dire Et non l'homme on pourrait aisĂ©ment s'y tromper, A ces mots, le serpent, se laissant attraper, Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire, On rĂ©solut sa mort, fĂ»t-il coupable ou non. Afin de le payer toutefois de raison, L'autre lui fit cette harangue Symbole des ingrats, ĂȘtre bon aux mĂ©chants, C'est ĂȘtre sot, meurs donc ta colĂšre et tes dents Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue, Reprit du mieux qu'il put S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, A qui pourrait-on pardonner ? Toi-mĂȘme tu te fais ton procĂšs. Je me fonde Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi. Mes jours sont en tes mains, tranche-les ta justice, C'est ton utilitĂ©, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois, condamne-moi ; Mais trouve bon qu'avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats Ce n'est point le serpent, c'est l'homme. Ces paroles Firent arrĂȘter l'autre ; il recula d'un pas. Enfin il repartit Tes raisons sont frivoles Je pourrais dĂ©cider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. Soit fait, dit le reptile. Une Vache Ă©tait lĂ , l'on l'appelle, elle vient ; Le cas est proposĂ© ; c'Ă©tait chose facile Fallait-il pour cela, dit-elle, m'appeler ? La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ? Je nourris celui-ci depuis longues annĂ©es ; Il n'a sans mes bienfaits passĂ© nulles journĂ©es ; Tout n'est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants Le font Ă  la maison revenir les mains pleines ; MĂȘme j'ai rĂ©tabli sa santĂ©, que les ans Avaient altĂ©rĂ©e, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Enfin me voilĂ  vieille ; il me laisse en un coin Sans herbe ; s'il voulait encor me laisser paĂźtre ! Mais je suis attachĂ©e ; et si j'eusse eu pour maĂźtre Un serpent, eĂ»t-il su jamais pousser si loin L'homme, tout Ă©tonnĂ© d'une telle sentence, Dit au Serpent Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit. Croyons ce Boeuf. Croyons, dit la rampante bĂȘte. Ainsi dit, ainsi fait. Le Boeuf vient Ă  pas lents. Quand il eut ruminĂ© tout le cas en sa tĂȘte, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que CĂ©rĂšs nous donne, et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour rĂ©compense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de grĂ© ; puis, quand il Ă©tait vieux, On croyait l'honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l'indulgence des Dieux. Ainsi parla le Boeuf. L'Homme dit Faisons taire Cet ennuyeux dĂ©clamateur ; Il cherche de grands mots, et vient ici se faire, Au lieu d'arbitre, accusateur. Je le rĂ©cuse aussi. L'arbre Ă©tant pris pour juge, Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs. L'ombrage n'Ă©tait pas le seul bien qu'il sĂ»t faire ; Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire Un rustre l'abattait, c'Ă©tait lĂ  son loyer, Quoique pendant tout l'an libĂ©ral il nous donne Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ; L'ombre l'EtĂ©, l'Hiver les plaisirs du foyer. Que ne l'Ă©mondait-on, sans prendre la cognĂ©e ? De son tempĂ©rament il eĂ»t encor vĂ©cu. L'Homme trouvant mauvais que l'on l'eĂ»t convaincu, Voulut Ă  toute force avoir cause gagnĂ©e. Je suis bien bon, dit-il, d'Ă©couter ces gens-lĂ . Du sac et du serpent aussitĂŽt il donna Contre les murs, tant qu'il tua la bĂȘte. On en use ainsi chez les grands. La raison les offense ; ils se mettent en tĂȘte Que tout est nĂ© pour eux, quadrupĂšdes, et gens, Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. J'en conviens. Mais que faut-il donc faire ? - Parler de loin, ou bien se FONTAINE, "L'Homme et la Couleuvre", Fables REMARQUES SUR "L'HOMME ET LA COULEUVRE" L’origine de cet apologue est indienne. Voyez le Livre des lumiĂšres, ch. III, fable 3, et le Pantcha Tantra, traduit par l’abbĂ© Dubois, Paris, 1826, p. 39 Ă  54. Remarquez dans l’apologue indien l’intervention d’un autre personnage qui accentue bien plus vivement la conclusion. L’homme a sauvĂ© le serpent des flammes en lui tendant un sac au bout d’une perche. Il l’a laissĂ© sortir du sac, et c’est alors que le serpent veut mordre son bienfaiteur. Au reproche que l’homme lui adresse, il rĂ©pond qu’il ne fait que suivre les exemples que lui-mĂȘme lui donne, et propose d’en appeler au tĂ©moignage de la vache et de l’arbre. Ceux-ci rĂ©pondent comme l’on sait. Mais le renard est consultĂ© Ă  son tour. Il se fait raconter l’aventure ; il feint de mettre en doute que le serpent ait pu entrer dans un si petit sac et demande Ă  voir cela de ses propres yeux. Le serpent, pour le convaincre, rentre dans le renard dit alors Ă  l’homme Tu es maĂźtre de la vie de ton ennemi ; sers-toi de cette occasion ». L’homme ne se le fait pas dire deux fois et Ă©crase le serpent contre une pierre. La leçon, comme on le voit, est digne des temps barbares. La moralitĂ© de La Fontaine "Parler de loin ou bien se taire" n’est guĂšre meilleure ; elle dĂ©cĂšle une Ă©poque trop civilisĂ©e et exprime la prudence et la sagesse vile des courtisans. Illustration de "L'Homme et la Couleuvre" par OUDRY LE LION, LE LOUP ET LE RENARDUn Lion dĂ©crĂ©pit, goutteux, n’en pouvant plus,Voulait que l’on trouvĂąt remĂšde Ă  la vieillesse AllĂ©guer l’impossible aux Rois, c’est un parmi chaque espĂšceManda des MĂ©decins ; il en est de tous arts MĂ©decins au Lion viennent de toutes parts ;De tous cĂŽtĂ©s lui vient des donneurs de les visites qui sont faites,Le Renard se dispense, et se tient clos et Loup en fait sa cour, daube au coucher du RoiSon camarade absent ; le Prince tout Ă  l’heureVeut qu’on aille enfumer Renard dans sa demeure,Qu’on le fasse venir. Il vient, est prĂ©sentĂ© ;Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire Je crains, Sire, dit-il, qu’un rapport peu sincĂšre,Ne m’ait Ă  mĂ©pris imputĂ©D’avoir diffĂ©rĂ© cet hommage ;Mais j’étais en pĂšlerinage ;Et m’acquittais d’un voeu fait pour votre j’ai vu dans mon voyageGens experts et savants ; leur ai dit la langueurDont votre MajestĂ© craint Ă  bon droit la ne manquez que de chaleur Le long Ăąge en vous l’a dĂ©truite D’un Loup Ă©corchĂ© vif appliquez-vous la peauToute chaude et toute fumante ;Le secret sans doute en est beauPour la nature Loup vous servira,S’il vous plaĂźt, de robe de Roi goĂ»te cet avis-lĂ  On Ă©corche, on taille, on dĂ©membreMessire Loup. Le Monarque en soupa,Et de sa peau s’enveloppa ;Messieurs les courtisans, cessez de vous dĂ©truire Faites si vous pouvez votre cour sans vous mal se rend chez vous au quadruple du daubeurs ont leur tour d’une ou d’autre maniĂšre Vous ĂȘtes dans une carriĂšreOĂč l’on ne se pardonne rien. Commentaires et analyses par Chamfort . 5. . . . . Il en est de tous ne sais ce que cela veut dire. Veut-il dire. que , dans toutes les professions , il y a des gens qui se mĂȘlent de mĂ©decine ? en ce cas , cela est mal exprimĂ©. Ce n’est pas sa 10. 
. Daube , au coucher du roi,Son camarade absent. 
On dit, sur ce trait, dans l’éloge de La Fontaine Suis-je dans l’antre du lion ? suis-je Ă  la cour ? On pourrait presque ajouter que. l’illusion se prolonge jusqu’à la fin de cette charmante fable. TĂȘtes de boucTĂȘtes de chatTĂȘtes d'aigleCharles LE BRUN 1619-1690, Etudes physiognomoniques 1668Figure majeure de l'art classique, architecte et dĂ©corateur, Le Brun conduisit les amĂ©nagements du chĂąteau de Versailles pour la plus grande gloire de Louis XIV. Il fut aussi un thĂ©oricien sa rĂ©flexion sur l'influence des Ă©motions dans l'expression du visage objet de la physiognomonie l'a conduit Ă  une sĂ©rie de dessins oĂč il confronte des visages humains et des tĂȘtes animales, afin de tracer des correspondances entre physionomie et caractĂšre. Les frontiĂšres entre hommes et animaux s'en trouvent physiognomonie Ă  pour objet la c UN FABULISTE DU XVIIIĂšme SIECLE FLORIAN 1755-1794La fable et la vĂ©ritĂ©, Fables, livre ILa vĂ©ritĂ©, toute nue,Sortit un jour de son attraits par le temps Ă©taient un peu dĂ©truits ;Jeune et vieux fuyaient Ă  sa pauvre vĂ©ritĂ© restait lĂ  morfondue,Sans trouver un asile oĂč pouvoir ses yeux vient se prĂ©senterLa fable, richement vĂȘtue,Portant plumes et diamants,La plupart faux, mais trĂšs ! Vous voilĂ  ! Bon jour, dit-elle Que faites-vous ici seule sur un chemin ?La vĂ©ritĂ© rĂ©pond vous le voyez, je gĂȘle ;Aux passants je demande en vainDe me donner une retraite,Je leur fais peur Ă  tous hĂ©las ! Je le vois bien,Vieille femme n'obtient plus ĂȘtes pourtant ma cadette,Dit la fable, et, sans vanitĂ©,Partout je suis fort bien reçue Mais aussi, dame vĂ©ritĂ©,Pourquoi vous montrer toute nue ?Cela n'est pas adroit tenez, arrangeons-nous ;Qu'un mĂȘme intĂ©rĂȘt nous rassemble Venez sous mon manteau, nous marcherons le sage, Ă  cause de vous,Je ne serai point rebutĂ©e ;A cause de moi, chez les fousVous ne serez point maltraitĂ©e Servant, par ce moyen, chacun selon son goĂ»t,GrĂące Ă  votre raison, et grĂące Ă  ma folie,Vous verrez, ma soeur, que partoutNous passerons de compagnie. LE CONTE PHILOSOPHIQUE Ce genre triomphe au XVIIIĂšme siĂšcle avec Voltaire exploitant les ingrĂ©dients merveilleux et exotiques du conte, le rĂ©cit suit l'itinĂ©raire vagabond d'un hĂ©ros dont le nom est dĂ©jĂ  un programme Candide, l'IngĂ©nu, MicromĂ©gas... Ses aventures - sur le mode ironique et satirique - tĂ©moignent apparemment de beaucoup de naĂŻvetĂ©, mais elles dĂ©livrent finalement une rĂ©flexion critique sur la politique, la morale ou la religion. Au XXĂšme siĂšcle, on retrouve cette vocation dans des formes brĂšves, Ă  mi-chemin entre le conte et la nouvelle chez Kafka, Buzzati ou DE LA GUERRE DENONCIATION DE L'HORREUR ET DE L'ABSURDITE DE LA GUERRECHAPITRE TROISIEMECOMMENT CANDIDE SE SAUVA D'ENTRE LES BULGARES, ET CE QU'IL DEVINT Rien n'Ă©tait si beau, si leste, si brillant, si bien ordonnĂ© que les deux armĂ©es. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversĂšrent d'abord Ă  peu prĂšs six mille hommes de chaque cĂŽtĂ© ; ensuite la mousqueterie ĂŽta du meilleur des mondes environ neuf Ă  dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baĂŻonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter Ă  une trentaine de mille Ăąmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie hĂ©roĂŻque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il Ă©tait en cendres c'Ă©tait un village abare que les Bulgares avaient brĂ»lĂ©, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblĂ©s de coups regardaient mourir leurs femmes Ă©gorgĂ©es, qui tenaient leurs enfants Ă  leurs mamelles sanglantes ; lĂ  des filles Ă©ventrĂ©es aprĂšs avoir assouvi les besoins naturels de quelques hĂ©ros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, Ă  demi brĂ»lĂ©es, criaient qu'on achevĂąt de leur donner la mort. Des cervelles Ă©taient rĂ©pandues sur la terre Ă  cĂŽtĂ© de bras et de jambes coupĂ©s. Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village il appartenait Ă  des Bulgares, et des hĂ©ros abares l'avaient traitĂ© de mĂȘme. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou Ă  travers des ruines, arriva enfin hors du théùtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle CunĂ©gonde. Ses provisions lui manquĂšrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde Ă©tait riche dans ce pays-lĂ , et qu'on y Ă©tait chrĂ©tien, il ne douta pas qu'on ne le traitĂąt aussi bien qu'il l'avait Ă©tĂ© dans le chĂąteau de monsieur le baron avant qu'il en eĂ»t Ă©tĂ© chassĂ© pour les beaux yeux de Mlle du chapitre 3 de Candide - Voltaire Caricature de VOLTAIRE par SAVIGNAC SATIRE DE LA JUSTICE ZADIG OU LA DESTINEE, VOLTAIRE Un jour, se promenant auprĂšs d'un petit bois, il vit accourir Ă  lui un eunuque de la reine, suivi de plusieurs officiers qui paraissaient dans la plus grande inquiĂ©tude, et qui couraient çà et lĂ  comme des hommes Ă©garĂ©s qui cherchent ce qu'ils ont perdu de plus prĂ©cieux. Jeune homme, lui dit le premier eunuque, n'avez-vous point vu le chien de la reine ? » Zadig rĂ©pondit modestement C'est une chienne, et non pas un chien. » Vous avez raison, reprit le premier eunuque. — C'est une Ă©pagneule trĂšs petite, ajouta Zadig ; elle a fait depuis peu des chiens ; elle boite du pied gauche de devant, et elle a les oreilles trĂšs longues. — Vous l'avez donc vue ? dit le premier eunuque tout essoufflĂ©. Non, rĂ©pondit Zadig, je ne l'ai jamais vue, et je n'ai jamais su si la reine avait une chienne. PrĂ©cisĂ©ment dans le mĂȘme temps, par une bizarrerie ordinaire de la fortune, le plus beau cheval de l'Ă©curie du roi s'Ă©tait Ă©chappĂ© des mains d'un palefrenier dans les plaines de Babylone. Le grand veneur et tous les autres officiers couraient aprĂšs lui avec autant d'inquiĂ©tude que le premier eunuque aprĂšs la chienne. Le grand veneur s'adressa Ă  Zadig, et lui demanda s'il n'avait point vu passer le cheval du roi. C'est, rĂ©pondit Zadig, le cheval qui galope le mieux ; il a cinq pieds de haut, le sabot fort petit ; il porte une queue de trois pieds et demi de long ; les bossettes de son mors sont d'or Ă  vingt-trois carats ; ses fers sont d'argent Ă  onze deniers. — Quel chemin a-t-il pris ? oĂč est-il ? demanda le grand veneur. — Je ne l'ai point vu, rĂ©pondit Zadig, et je n'en ai jamais entendu parler. » Le grand veneur et le premier eunuque ne doutĂšrent pas que Zadig n'eĂ»t volĂ© le cheval du roi et la chienne de la reine ; ils le firent conduire devant l'assemblĂ©e du grand Desterham, qui le condamna au knout, et Ă  passer le reste de ses jours en SibĂ©rie. A peine le jugement fĂ»t-il rendu qu'on retrouva le cheval et la chienne. Les juges furent dans la douloureuse nĂ©cessitĂ© de rĂ©former leur arrĂȘt ; mais ils condamnĂšrent Zadig Ă  payer quatre cents onces d'or, pour avoir dit qu'il n'avait point vu ce qu'il avait vu. Il fallut d'abord payer cette amende ; aprĂšs quoi il fut permis Ă  Zadig de plaider sa cause au conseil du grand Desterham ; il parla en ces termes Étoiles de justice, abĂźmes de science, miroirs de vĂ©ritĂ© qui avez la pesanteur du plomb, la duretĂ© du fer, l'Ă©clat du diamant, et beaucoup d'affinitĂ© avec l'or, puisqu'il m'est permis de parler devant cette auguste assemblĂ©e, je vous jure par Orosmade, que je n ai jamais vu la chienne respectable de la reine, ni le cheval sacrĂ© du roi des rois. Voici ce qui m'est arrivĂ© Je me promenais vers le petit bois oĂč j'ai rencontrĂ© depuis le vĂ©nĂ©rable eunuque et le trĂšs illustre grand veneur. J'ai vu sur le sable les traces d'un animal, et j'ai jugĂ© aisĂ©ment que c'Ă©taient celles d'un petit chien. Des sillons lĂ©gers et longs imprimĂ©s sur de petites Ă©minences de sable entre les traces des pattes m'ont fait connaĂźtre que c'Ă©tait une chienne dont les mamelles Ă©taient pendantes et qu'ainsi elle avait fait des petits il y a peu de jours. D'autres traces en un sens diffĂ©rent, qui paraissaient toujours avoir rasĂ© la surface du sable Ă  cĂŽtĂ© des pattes de devant, m'ont appris qu'elle avait les oreilles ; trĂšs longues ; et comme j'ai remarquĂ© que le sable Ă©tait toujours moins creusĂ© par une patte que par les trois autres, j'ai compris que la chienne de notre auguste reine Ă©tait un peu boiteuse, si je l'ose dire. »Voltaire - Zadig ou La DestinĂ©e - Extrait du chapitre III DIALOGUE DU CHAPON ET DE LA POULARDEL’apologue est un moyen privilĂ©giĂ© pour moraliser, et il prend la forme d’une fable, d’un conte, ou mĂȘme d’un dialogue comme c’est le cas pour celui du chapon et de la poularde. Dans l’extrait ci-dessous, l’auteur, VOLTAIRE, dĂ©montre, dans un but moralisateur, l’absurditĂ© de la conduite des hommes, de leurs traditions, et en profite pour railler la religion et ce qui s’y rapporte. SATIRE DE LA RELIGIONLE CHAPON. - Eh, mon Dieu ! ma poule, te voilĂ  bien triste, qu’as-tu ?LA POULARDE. - Mon cher ami, demande-moi plutĂŽt ce que je n’ai plus. Une maudite servante m’a prise sur ses genoux, m’a plongĂ© une longue aiguille dans le cul, a saisi ma matrice, l’a roulĂ©e autour de l’aiguille, l’a arrachĂ©e et l’a donnĂ©e Ă  manger Ă  son chat. Me voilĂ  incapable de recevoir les faveurs du chantre du jour, et de CHAPON. - HĂ©las! ma bonne, j’ai perdu plus que vous ; ils m’ont fait une opĂ©ration doublement cruelle ni vous ni moi n’aurons plus de consolation dans ce monde ; ils vous ont fait poularde, et moi chapon. La seule idĂ©e qui adoucit mon Ă©tat dĂ©plorable, c’est que j’entendis ces jours passĂ©s, prĂšs de mon poulailler, raisonner deux abbĂ©s italiens Ă  qui on avait fait le mĂȘme outrage afin qu’ils pussent chanter devant le pape avec une voix plus claire. Ils disaient que les hommes avaient commencĂ© par circoncire leurs semblables, et qu’ils finissaient par les chĂątrer ils maudissaient la destinĂ©e et le genre POULARDE. - Quoi ! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privĂ©s de la plus belle partie de nous-mĂȘmes ?LE CHAPON. - HĂ©las ! ma pauvre poularde, C’est pour nous engraisser, et pour nous rendre la chair plus POULARDE. - Eh bien! quand nous serons plus gras, le seront-ils davantage ?LE CHAPON. - Oui, car ils prĂ©tendent nous POULARDE. - Nous manger ! ah, les monstres !LE CHAPON. - C’est leur coutume ; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous font avaler une pĂątĂ©e dont ils ont le secret, nous crĂšvent les yeux pour que nous n’ayons point de distraction ; enfin, le jour de la fĂȘte Ă©tant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rĂŽtir. On nous apporte devant eux dans une large piĂšce d’argent ; chacun dit de nous ce qu’il pense ; on fait notre oraison funĂšbre l’un dit que nous sentons la noisette ; l’autre vante notre chair succulente ; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion ; et voilĂ  notre histoire dans ce bas monde finie pour POULARDE. - Quels abominables coquins ! je suis prĂȘte Ă  m’évanouir. Quoi! on m’arrachera les yeux ! on me coupera le cou ! je serai rĂŽtie et mangĂ©e ! Ces scĂ©lĂ©rats n’ont donc point de remords ?LE CHAPON. - Non, m’amie ; les deux abbĂ©s dont je vous ai parlĂ© disaient que les hommes n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans l’usage de POULARDE. - La dĂ©testable engeance ! Je parie qu’en nous dĂ©vorant ils se mettent encore Ă  rire et Ă  faire des contes plaisants, comme si de rien n’ CHAPON. - Vous l’avez devinĂ© ; mais sachez pour votre consolation si c’en est une que ces animaux, qui sont bipĂšdes comme nous, et qui sont fort au-dessous de nous, puisqu’ils n’ont point de plumes, en ont usĂ© ainsi fort souvent avec leurs semblables. J’ai entendu dire Ă  mes deux abbĂ©s que tous les empereurs chrĂ©tiens et grecs ne manquaient jamais de crever les deux yeux Ă  leurs cousins et Ă  leurs frĂšres ; que mĂȘme, dans le pays oĂč nous sommes, il y avait eu un nommĂ© DĂ©bonnaire qui fit arracher les yeux Ă  son neveu Bernard. Mais pour ce qui est de rĂŽtir des hommes, rien n’a Ă©tĂ© plus commun parmi cette espĂšce. Mes deux abbĂ©s disaient qu’on en avait rĂŽti plus de vingt mille pour de certaines opinions qu’il serait difficile Ă  un chapon d’expliquer, et qui ne m’importent POULARDE. - C’était apparemment pour les manger qu’on les CHAPON. - Je n’oserais pas l’assurer ; mais je me souviens bien d’avoir entendu clairement qu’il y a bien des pays, et entre autres celui des Juifs, oĂč les hommes se sont quelquefois mangĂ©s les uns les POULARDE. - Passe pour cela. Il est juste qu’une espĂšce si perverse se dĂ©vore elle-mĂȘme, et que la terre soit purgĂ©e de cette race. Mais moi qui suis paisible, moi qui n’ai jamais fait de mal, moi qui ai mĂȘme nourri ces monstres en leur donnant mes oeufs, ĂȘtre chĂątrĂ©e, aveuglĂ©e, dĂ©collĂ©e, et rĂŽtie ! Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ?LE CHAPON. - Les deux abbĂ©s disent que non. Ils assurent que dans un pays nommĂ© l’Inde, beaucoup plus grand, plus beau, plus fertile que le nĂŽtre, les hommes ont une loi sainte qui depuis des milliers de siĂšcles leur dĂ©fend de nous manger ; que mĂȘme un nommĂ© Pythagore, ayant voyagĂ© chez ces peuples justes, avait rapportĂ© en Europe cette loi humaine, qui fut suivie par tous ses disciples. Ces bons abbĂ©s lisaient Porphyre le Pythagoricien, qui a Ă©crit un beau livre contre les broches. O le grand homme ! le divin homme que ce Porphyre ! Avec quelle sagesse, quelle force, quel respect tendre pour la DivinitĂ© il prouve que nous sommes les alliĂ©s et les parents des hommes; que Dieu nous donna les mĂȘmes organes, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme mĂ©moire, le mĂȘme germe inconnu d’entendement qui se dĂ©veloppe dans nous jusqu’au point dĂ©terminĂ© par les lois Ă©ternelles, et que ni les hommes ni nous ne passons jamais ! En effet, ma chĂšre poularde, ne serait-ce pas un outrage Ă  la DivinitĂ© de dire que nous avons des sens pour ne point sentir, une cervelle pour ne point penser ? Cette imagination digne, Ă  ce qu’ils disaient, d’un fou nommĂ© Descartes, ne serait-elle pas le comble du ridicule et la vaine excuse de la barbarie ?Aussi les plus grands philosophes de l’antiquitĂ© ne nous mettaient jamais Ă  la broche. Ils s’occupaient Ă  tĂącher d’apprendre notre langage, et de dĂ©couvrir nos propriĂ©tĂ©s si supĂ©rieures Ă  celles de l’espĂšce humaine. Nous Ă©tions en sĂ»retĂ© avec eux comme dans l’ñge d’or. Les sages ne tuent point les animaux, dit Porphyre ; il n’y a que les barbares et les prĂȘtres qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour convertir un de ses disciples qui s’était fait chrĂ©tien par POULARDE. - Eh bien! dressa-t-on des autels Ă  ce grand homme qui enseignait la vertu au genre humain, et qui sauvait la vie au genre animal?LE CHAPON. - Non, il fut en horreur aux chrĂ©tiens qui nous mangent, et qui dĂ©testent encore aujourd’hui sa mĂ©moire ; ils disent qu’il Ă©tait impie, et que ses vertus Ă©taient fausses, attendu qu’il Ă©tait POULARDE. - Que la gourmandise a d’affreux prĂ©jugĂ©s ! J’entendais l’autre jour, dans cette espĂšce de grange qui est prĂšs de notre poulailler, un homme qui parlait seul devant d’autres hommes qui ne parlaient point. Il s’écriait que Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces autres animaux appelĂ©s hommes ; que Dieu leur avait dĂ©fendu de se nourrir de notre sang et de notre chair». Comment peuvent-ils ajouter Ă  cette dĂ©fense positive la permission de dĂ©vorer nos membres bouillis ou rĂŽtis ? Il est impossible, quand ils nous ont coupĂ© le cou, qu’il ne reste beaucoup de sang dans nos veines ; ce sang se mĂȘle nĂ©cessairement Ă  notre chair ; ils dĂ©sobĂ©issent donc visiblement Ă  Dieu en nous mangeant. De plus, n’est-ce pas un sacrilĂšge de tuer et de dĂ©vorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? Ce serait un Ă©trange traitĂ© que celui dont la seule clause serait de nous livrer Ă  la mort. Ou notre crĂ©ateur n’a point fait de pacte avec nous, ou c’est un crime de nous tuer et de nous faire cuire il n’y a pas de CHAPON. - Ce n’est pas la seule contradiction qui rĂšgne chez ces monstres, nos Ă©ternels ennemis. Il y a longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des lois que pour les violer ; et, ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont inventĂ© cent subterfuges, cent sophismes pour justifier leurs transgressions. Ils ne se servent de la pensĂ©e que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour dĂ©guiser leurs pensĂ©es. Figure-toi que, dans le petit pays oĂč nous vivons, il est dĂ©fendu de nous manger deux jours de la semaine ils trouvent bien moyen d’éluder la loi ; d’ailleurs cette loi, qui te paraĂźt favorable, est trĂšs barbare ; elle ordonne que ces jours-lĂ  on mangera les habitants des eaux ils vont chercher des victimes au fond des mers et des riviĂšres. Ils dĂ©vorent des crĂ©atures dont une seule coĂ»te souvent plus de la valeur de cent chapons ils appellent cela jeĂ»ner, se mortifier. Enfin je ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espĂšce plus ridicule Ă  la fois et plus abominable, plus extravagante et plus POULARDE. - Eh, mon Dieu ! ne vois-je pas venir ce vilain marmiton de cuisine avec son grand couteau ?LE CHAPON. - C’en est fait, m’amie, notre derniĂšre heure est venue ; recommandons notre Ăąme Ă  POULARDE. - Que ne puis-je donner au scĂ©lĂ©rat qui me mangera une indigestion qui le fasse crever ! Mais les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s’en CHAPON. - AĂŻe ! on me prend par le cou. Pardonnons Ă  nos POULARDE. - Je ne puis ; on me serre, on m’emporte. Adieu, mon cher CHAPON. - Adieu, pour toute l’éternitĂ©, ma chĂšre poularde. Le Baron D'Holbach 1723-1789, Le Bon sens, Conte oriental » 1772 Le baron d'Holbach fut collaborateur de l'EncyclopĂ©die, on utilisa ses compĂ©tences en chimie et en mĂ©tallurgie, mais surtout son athĂ©isme et son matĂ©rialisme servirent les idĂ©aux des LumiĂšres. Dans Le Bon sens ou IdĂ©es naturelles opposĂ©es aux IdĂ©es surnaturelles, on trouve un bref Ă©pisode en forme de conte oriental, dont l'anecdote conduit ironiquement le lecteur Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la sagesse divine la Providence. A quelque distance de Bagdad, un dervis, renommĂ© pour sa saintetĂ©, passait des jours tranquilles dans une solitude agrĂ©able. Les habitants d'alentour, pour avoir part Ă  ses priĂšres, s'empressaient chaque jour Ă  lui porter des provisions et des prĂ©sents. Le saint homme ne cessait de rendre grĂąces Ă  Dieu des bienfaits dont sa Providence le comblait. O Allah ! disait-il, que ta tendresse est ineffable pour tes serviteurs, qu'ai-je fait pour mĂ©riter les biens dont ta libĂ©ralitĂ© m'accable ? O monarque des cieux ! O pĂšre de la nature ! quelles louanges pourraient dignement cĂ©lĂ©brer ta munificence et tes soins paternels ! O Allah ! que tes bontĂ©s sont grandes pour les enfants des hommes ! » PĂ©nĂ©trĂ© de reconnaissance, notre ermite fit le vƓu d'entreprendre pour la septiĂšme fois le pĂšlerinage de La Mecque. La guerre qui subsistait alors entre les Persans et les Turcs, ne put lui faire diffĂ©rer l'exĂ©cution de sa pieuse entreprise. Plein de confiance en Dieu, il se met en voyage ; sous la sauvegarde inviolable d'un habit respectĂ©, il traverse sans obstacle les dĂ©tachements ennemis loin d'ĂȘtre molestĂ©, il reçoit Ă  chaque pas des marques de la vĂ©nĂ©ration du soldat des deux partis. A la fin, accablĂ© de lassitude, il se voit obligĂ© de chercher un asile contre les rayons d'un soleil brĂ»lant ; il le trouve sous l'ombrage frais d'un groupe de palmiers, dont un ruisseau limpide arrosait les racines. Dans ce lieu solitaire, dont la paix n'Ă©tait troublĂ©e que par le murmure des eaux et le ramage des oiseaux, l'homme de Dieu rencontre, non seulement une retraite enchantĂ©e, mais encore un repas dĂ©licieux ; il n'a qu'Ă  Ă©tendre la main pour cueillir des dattes et d'autres fruits agrĂ©ables ; le ruisseau lui fournit le moyen de se dĂ©saltĂ©rer bientĂŽt un gazon vert l'invite Ă  prendre un doux repos ; Ă  son rĂ©veil il fait l'ablution sacrĂ©e et dans un transport d'allĂ©gresse, il s'Ă©crie, O Allah ! que tes bontĂ©s sont grandes pour les enfants des hommes ! » Bien repu, rafraĂźchi, plein de force et de gaietĂ©, notre saint poursuit sa route ; elle le conduit quelque temps au travers d'une contrĂ©e riante qui n'offre Ă  ses yeux que des coteaux fleuris, des prairies Ă©maillĂ©es, des arbres chargĂ©s de fruits. Attendri par ce spectacle, il ne cesse d'adorer la main riche et libĂ©rale de la providence, qui se montre partout occupĂ©e du bonheur de la race humaine. Parvenu un peu plus loin, il trouve quelques montagnes assez rudes Ă  franchir, mais une fois arrivĂ© Ă  leur sommet, un spectacle hideux se prĂ©sente tout Ă  coup Ă  ses regards ; son Ăąme en est consternĂ©e. II dĂ©couvre une vaste plaine, entiĂšrement dĂ©solĂ©e par le fer et la flamme ; il la mesure des yeux et la voit couverte de plus de cent mille cadavres, restes dĂ©plorables d'une bataille sanglante qui depuis peu de jours s'Ă©tait livrĂ©e dans ces lieux. Les aigles, les vautours, les corbeaux et les loups dĂ©voraient Ă  l'envi les corps morts, dont la terre Ă©tait jonchĂ©e. Cette vue plonge notre pĂšlerin dans une sombre rĂȘverie le ciel, par une faveur spĂ©ciale, lui avait donnĂ© de comprendre le langage des bĂȘtes ; il entendit un loup gorgĂ© de chair humaine, qui, dans l'excĂšs de sa joie, s'Ă©criait, O Allah ! que tes bontĂ©s sont grandes pour les enfants des loups ! ta sagesse prĂ©voyante a soin d'envoyer des vertiges Ă  ces hommes dĂ©testables si dangereux pour nous. Par un effet de ta providence, qui veille sur tes crĂ©atures, ces destructeurs de notre espĂšce s'Ă©gorgent les uns les autres, et nous fournissent des repas somptueux. O Allah que tes bontĂ©s sont grandes pour les enfants des loups ! » LE VOYAGE LITTERAIRE Entre les XVIIĂšme et XVIIIĂšme siĂšcles, les progrĂšs de la navigation lointaine permettent la conquĂȘte d'espaces et de savoirs nouveaux. Les rĂ©cits de Louis Antoine de BOUGAINVILLE, au retour d'un voyage autour du monde entre 1766 et 1769, ou de Jean François de LA PEROUSE, disparu alors que son navire se trouvait au sud de l'Australie, apportent la certitude que le monde ne se limite pas Ă  l'Europe chrĂ©tienne et que l'idĂ©e de civilisation est une notion relative. Plus hardis que ceux du XVIIĂšme siĂšcle, les Ă©crivains des LumiĂšres sont eux-mĂȘmes des voyageurs, au moins en Europe et dans le pourtour mĂ©diterranĂ©en ; et il n'est pas un seul de leurs voyages qui ne donne lieu Ă  la rĂ©daction de leurs conclusions, tels VOLTAIRE parti pour l'Angleterre ou MONTESQUIEU de retour d'Italie. Mus par la curiositĂ© et par le dĂ©sir de comprendre, ils mettent ainsi Ă  profit leurs observations pour renverser leur regard et se livrer Ă  des analyses comparatives dont MONTAIGNE humaniste du 16Ăšme siĂšcle, avant eux, avait montrĂ© la justesse. Le passage Ă  la fiction permet Ă  ces Ă©crivains plus d'audace et de libertĂ© ainsi naĂźt le hĂ©ros voyageur, venu de l'espace ex MicromĂ©gas chez VOLTAIRE, ou s'y rendant comme le narrateur des Etat et Empires de la Lune, chez Cyrano de BERGERAC, ingĂ©nu dĂ©barquĂ© d'AmĂ©rique dans le conte L'IngĂ©nu, de VOLTAIRE ou faux candides persans en visite en Europe Lettres persanes de MONTESQUIEU. Tous portent un regard "Ă©tranger", toujours critique sur la sociĂ©tĂ© europĂ©enne. La satire prend ainsi Ă  revers la censure et contribue aux changements que la sociĂ©tĂ© rĂ©clame.
Essaywriting blog. Bac de français 2021-La littĂ©rature dĂą idĂ©es: mettre en Ă©vidence les liens qui se nouent entre les idĂ©es, les formes et le contexte culturel, idĂ©ologique et social I like the discount system and your anti-plagiarism policy. Discount Code: 15OFFJUST4U Trouvé à l'intérieur Ăą Page 463 et des que les Romains nous aient laissés ; et l'imagination
Genres littĂ©raires â–ș La fable â–ș vous ĂȘtes iciGenres littĂ©rairesLa fableSommaire PrĂ©sentation Tentative de dĂ©finition Les mots fable, fabulistes, affabulation La fable, entre mensonge et vĂ©ritĂ© La fable, entre divertissement et instruction Origines et Ă©volution Structure et protagonistes Une fable en trois temps Un bestiaire riche et souvent conventionnel PrĂ©sentationLa fable, du latin fabula qui signifie rĂ©cit, fiction », est un petit rĂ©cit Ă  visĂ©e morale et didactique, qui met gĂ©nĂ©ralement en scĂšne des animaux. Forme d’allĂ©gorie, la fable livre une leçon, un enseignement d’autant plus efficace qu’elle est attrayante, qu’elle suscite l’étonnement la symbolique animale ou vĂ©gĂ©tale et parfois humaine permet de rĂ©vĂ©ler l’individualitĂ© de l’homme, ainsi que ses d’apologue, mot issu du grec apologos et qui veut dire rĂ©cit Ă  intention moralisatrice », la fable se distingue cependant de ce dernier par le dĂ©veloppement plus ample de son Ă©lĂ©ment narratif. Jean de La Fontaine, parlait pourtant d’apologue pour ses Fables L’apologue est composĂ© de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’ñme. Le corps est la fable ; l’ñme, la moralitĂ© ». La fable se distingue Ă©galement du conte, plus long, et de la parabole, particuliĂšrement brĂšve, qui ne met pas en scĂšne des personnages.→ À lire Biographie de La Fontaine. – Le de dĂ©finitionLes mots fable, fabulistes, affabulationLe mot fable, issu du latin fabula rĂ©cit, propos », apparaĂźt vers 1155 et prend trĂšs vite le sens de rĂ©cit imaginaire, histoire ». Le caractĂšre mensonger de la fable existe dĂšs son origine en français, tout comme la dĂ©finition petit rĂ©cit moralisant qui met en scĂšne des animaux » v. 1180. Au XVIIe siĂšcle, le mot s’applique Ă©galement Ă  la mythologie de l’AntiquitĂ© paĂŻenne on parle alors de fable des dieux grecs, par exemple. Le terme fabuliste, empruntĂ© Ă  l’espagnol fabulista en 1588, signifie quant Ă  lui conteur de mensonge ». C’est avec Jean de La Fontaine qu’il prend le sens d’ auteur de fable ». Le terme affabulation revĂȘt au XVIIIe siĂšcle le sens latin, qu’il a aujourd’hui perdu, de moralitĂ© d’une fable ».Cependant, si l’on remonte plus en amont, l’étymologie du mot fabula vient de fari, parler », sens qui englobe non seulement l’idĂ©e de l’oralitĂ©, mais aussi de la parole vraie et de la parole mensongĂšre. La parole est en effet bien au centre de la fable J’ai fait parler le loup et l’agneau. / J’ai poussĂ© plus avant les Arbres et les Plantes / Sont devenus chez moi crĂ©atures parlantes », Car tout parle dans l’Univers », dit dans deux de ses Fables Jean de La Fontaine, qui raconte que sa muse traduisait en langue des Dieux » les paroles de tout ce qui vit ici-bas. Le fabuliste La Fontaine se pose ainsi en interprĂšte d’une parole divine, qu’il prĂ©sente comme fable, entre mensonge et vĂ©ritĂ©L’acception du mot fable est diversement interprĂ©tĂ©e par les fabulistes eux-mĂȘmes et par leurs contemporains. Au IVe siĂšcle av. Platon, dans la RĂ©publique, se demande si tout ce que disent les conteurs de fables et les poĂštes [n’est] pas le rĂ©cit d’évĂ©nements passĂ©s, prĂ©sents ou futurs ». Posant ainsi la fable comme source possible de vĂ©ritĂ©, il ajoute Ă©galement que Socrate considĂšre comme sƓurs la poĂ©sie et nos fables ». Quintilien, dans L’Institution oratoire v. 95 apr. distingue pour sa part trois formes de narration la fable, qui n’a rien de commun avec la vĂ©ritĂ© ni pour le fond ni pour la forme, et fait le sujet des tragĂ©dies et des poĂšmes ; l’argument, qui est fictif, mais vraisemblable, et fait le sujet des comĂ©dies ; l’histoire, ou exposition d’un fait ».La fable, entre divertissement et instructionD’aucuns, comme Jean de La Fontaine, affirment le caractĂšre didactique de la fable Je me sers d’animaux pour instruire les hommes », d’autres n’y lisent que divertissement. Quoi qu’il en soit, la parole du fabuliste est bien marquĂ©e dans les fables, le conteur est prĂ©sent, pour attirer l’attention ou pour instruire l’art d’instruire en amusant », explique le chevalier de Jaucourt dans L’EncyclopĂ©die ou Dictionnaire raisonnĂ© des sciences, des arts et des mĂ©tiers. Le fabuliste latin PhĂšdre Ier siĂšcle prĂ©cise en ce sens que ses deux vocations sont de faire rire risum movere» et de donner l’exemple exemplo movere ». Les interventions du fabuliste, son humour, son cynisme, ne sont en effet pas lĂ  vainement. Selon L’EncyclopĂ©die de Diderot et D’Alembert, c’est une instruction dĂ©guisĂ©e sous l’allĂ©gorie d’une action », dont l’invention remonte Ă  celle de l’allĂ©gorie dont la fable est une espĂšce » ; selon le dictionnaire d’Émile LittrĂ©, c’est un petit rĂ©cit qui cache une moralitĂ© sous le voile d’une fiction et dans lequel d’ordinaire les animaux sont les personnages ».Selon Jean de La Fontaine, la fable a le plus souvent pour finalitĂ© de vous persuader ». FĂ©nelon veut quant Ă  lui qu’on en nourrisse l’esprit de l’enfant. Il explique qu’elle doit faire parler les personnages, afin d’éveiller l’imagination des enfants, tout en exerçant leur la trouvent grossiĂšre, d’autres simple et transparente », mais beaucoup s’accordent Ă  parler de naĂŻvetĂ© — dans le sens de naturel, authentique ». En fait, la fable est aussi multiple que ses fabulistes. Jean-François Marmontel dĂ©crit d’ailleurs ainsi les principaux fabulistes dans L’EncyclopĂ©die Ésope raconte simplement, mais en peu de mots ; il semble rĂ©pĂ©ter fidĂšlement ce qu’on lui a dit, PhĂšdre y met plus de dĂ©licatesse et d’élĂ©gance, mais aussi moins de vĂ©ritĂ©. [
] La Fontaine a rĂ©pandu dans le sien tous les trĂ©sors de la PoĂ©sie, et il n’en est que plus naĂŻf ». Parfois en prose comme chez Ésope, parfois en vers comme chez La Fontaine, quelquefois exclusivement animale selon la dĂ©finition d’Aristote, quelquefois mettant en scĂšne animaux, plantes et hommes, tantĂŽt politique, tantĂŽt morale, la fable est un genre protĂ©iforme qui se manifeste donc sous de multiples et Ă©volutionLa fable est un genre commun Ă  toutes les cultures et ses origines se perdent dans l’antiquitĂ© la plus reculĂ©e. Les fables dites indiennes sont popularisĂ©es au VIIe siĂšcle par leur traduction en arabe, et inspireront Ibn’ Al-Muqaffa’ dans le livre de Kalila et Dimna. La tradition les porte Ă  des auteurs lĂ©gendaires dont on connaĂźt Grecs citaient comme le crĂ©ateur de la fable Ésope VIe siecle av. mais on en trouve chez HĂ©siode, dĂšs le VIIIe siĂšcle av. telle la jolie fable L’Épervier et le Rossignol ». Les fables Ă©sopiques, rĂ©digĂ©es en prose, furent mises en vers par Babrius IIIe ou IIe siĂšcle av. Chez les Latins, le fabuliste PhĂšdre est avant tout un moraliste, mais c’est aussi un poĂšte ; le rĂ©cit est Ă©videmment subordonnĂ© Ă  la morale, mais il n’est pas dĂ©charnĂ© comme dans les fables Ă©sopiques. Il est narratif, dialoguĂ©, il a du mouvement et du naturel. Horace n’est pas un spĂ©cialiste de la fable, mais quand il en glisse une dans ses Ă©pĂźtres ou dans ses satires, il en fait un chef-d’ genre fleurit au Moyen Âge. Le fabuliste grec Ésope Ă©tait si populaire Ă  cette Ă©poque qu’on appela Ysopets tous les recueils de fables par exemple celui de Marie de France XIIe siĂšcle et les fabliaux, oĂč la moralitĂ© importe moins que l’observation. De nombreuses fables du monde entier — indiennes celles de Bidpay ou arabes celles de Lokman, XIVe siĂšcle — sont Ă©galement traduites pendant cette la Renaissance, Gilles Corrozet est le premier Ă  produire une traduction libre en vers des Fables d’Ésope Les Fables du trĂšs ancien Ésope, mises en rithme françoise, 1542. Par la suite, d’importants recueils de fables sont publiĂ©s, notamment Les Hecatomythium 1495 et Hecatomythium secundum 1499 du poĂšte italien Laurentius Abstemius Lorentio Astentio en italien et le recueil de Fables de Gabriel FaĂ«rne ou Gabriele Faerno, publiĂ© au XVIe XVIIe siĂšcle conserve la tradition des fabulistes Ésope et PhĂšdre ainsi que celle des des lĂ©gendes de l’Indien Pilpay. Le Suisse Issac Nicholas Nevelet traduit les Fables d’Ésope en latin reprises par Jean Beaudoin dans les Fables d’Ésope phrygien, 1631 tandis qu’un avocat, François Pithou, exhume et fait publier en 1596 par son frĂšre Pierre les Fables de PhĂšdre, oubliĂ©es depuis des siĂšcles. Par ailleurs, sous l’influence jansĂ©niste, le classicisme prĂ©fĂšre considĂ©rer l’apologue dans sa perspective didactique c’est un rĂ©cit qui s’ouvre ou se ferme sur une morale », c’est-Ă -dire une leçon de sagesse. L’apologue est donc un moyen de former le jugement de La Fontaine par Hyacinthe Rigaud, en double tradition s’enrichit du goĂ»t de l’époque pour l’aspect ludique de la fable. Ainsi, une triple influence prĂ©side Ă  la refonte du genre par La Fontaine. C’est lui qui donne Ă  la fable ses lettres de noblesse, Ă©levant le genre Ă  la dignitĂ© de la poĂ©sie. Il transforme le genre — considĂ©rĂ© jusqu’alors comme dĂ©pourvu de dignitĂ© littĂ©raire — et ajoute Ă  son seul rĂŽle didactique une rĂ©elle vocation littĂ©raire. La Fontaine choisit la fable, grĂące Ă  laquelle il entrevoit la possibilitĂ© de pratiquer une poĂ©sie naturelle, spontanĂ©e, pleine d’élĂ©gante simplicitĂ©, propre Ă  plaire au public des salons. DĂšs la publication du premier livre des Fables, une vĂ©ritable mode est lancĂ©e Il n’y a pas d’instruction qui soit plus naturelle et qui touche plus vivement que celle-ci », Ă©crit l’acadĂ©micien Antoine FuretiĂšre en 1671. Le nom de Jean de La Fontaine s’inscrit ainsi au terme d’une longue histoire du genre et ses Fables sont largement inspirĂ©es des fables d’Ésope, de PhĂšdre et de tous leurs hĂ©ritiers ainsi que de celles de Bidpay. Cependant, en le renouvelant de façon magistrale, le fabuliste a permis au genre d’atteindre son imitateurs de Jean de La Fontaine ont Ă©tĂ© lĂ©gion, mais peu d’entre eux ont atteint sa renommĂ©e ni les Fables 1727-1738 de John Gay, ni celles de Gotthold EphraĂŻm Lessing 1759, ni les Fabulas literarias 1782 de TomĂĄs de Iriarte n’atteignent la qualitĂ© littĂ©raire des fables de celui-ci. Seul Ivan AndreĂŻevitch Krylov 1768-1844 fait figure de novateur en brossant dans chacune de ses Fables 1809-1843 un savoureux tableau du peuple russe. Aux XIXe et XXe siĂšcles, Le Livre de la jungle 1894-1895 de Rudyard Kipling, La Ferme des animaux 1945 de George Orwell ou La Fable du monde 1938 de Jules Supervielle cultivent Ă  leur tour l’esprit de la fable. Bien que l’institution scolaire en ait fait, pendant trois siĂšcles, un usage lĂ©gitime, mais rĂ©ducteur, la fable ne cesse de sĂ©duire. Elle s’adresse, en outre, Ă  un lectorat indiffĂ©renciĂ©, mĂȘme si Robert Desnos a composĂ© Trente Chantefables pour les enfants sages 1944.Structure et protagonistesUne fable en trois tempsLa structure traditionnelle de la fable est cependant presque toujours la mĂȘme Ă©nonciation d’une problĂ©matique La raison du plus fort est toujours la meilleure », le Loup et l’Agneau » de Jean de La Fontaine, le rĂ©cit d’une action et enfin une conclusion soit directement ancrĂ©e dans le rĂ©cit avec une apothĂ©ose finale et pertinente Le Loup l’emporte, et puis le mange, / Sans autre forme de procĂšs », op. cit., soit sous forme de moralitĂ© Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages / Tout bourgeois veut bĂątir comme les grands seigneurs,/ Tout petit prince a des ambassadeurs, / Tout marquis veut avoir des pages. », La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le BƓuf » de Jean de La Fontaine.Un bestiaire riche et souvent conventionnelDans la fable occidentale, le bestiaire, assez variĂ©, se compose essentiellement d’animaux stĂ©rĂ©otypĂ©s, et le lien entre ces animaux et les caractĂšres humains reste assez conventionnel. Ainsi, l’animal reprĂ©sentant le plus souvent le pouvoir et la grandeur est le Lion ; pour figurer la cruautĂ©, la fĂ©rocitĂ© et par lĂ  l’autoritarisme, le Loup est reconnu comme la figure idĂ©ale. Le Renard est pour sa part rusĂ© et intelligent, le Chien fidĂšle, l’Âne stupide, l’Agneau doux, la Fourmi besogneuse, etc.🚀 Allez plus loin ! 🚀 → Biographie de Jean de La Fontaine. → Jean de La Fontaine et la fable. → De la rĂ©citation des littĂ©raires Le roman La poĂ©sie Le théùtre 🔮 La fable Origines et Ă©volution Jean de La Fontaine et la fable De la rĂ©citation des fables Autres genres littĂ©rairesArticles connexes Les genres littĂ©raires. De la rĂ©citation des fables. La poĂ©sie repĂšres historiques. Le genre poĂ©tique. Jean de La Fontaine. Jean de La Fontaine et la fables. Le Classicisme. Le rĂ©cit. Le de livresRecherche sur le site

Analyseet étude de l'oeuvre - Fables (livres VII à XI) de La Fontaine - Réussir son BAC Français 1re 2022 - Parcours associé Imagination et pensée au XVIIe siÚcle - Une oeuvre, un parcours : La fontaine: Amazon.fr: Livres

Cette question reprend l'une de celles prĂ©sentes dans le sujet de l'Ă©preuve anticipĂ©e de français du baccalaurĂ©at 2021 des STMG, associĂ©e Ă  la section B, parcours Imagination et pensĂ©e au XVIIĂšme siĂšcle ». Le sujet Le texte B - Jean de La Fontaine, Fables, livres VII Ă  IX. - Parcours Imagination et pensĂ©e au XVIIĂšme siĂšcle. Texte d’aprĂšs Janick Auberger Entre l’écrit et l’image, l’animal de fiction, un homme travesti ? », Contre-Jour, n° 13, automne 2007. L'animal fictif, le hĂ©ros des fables, des contes et des recueils d'illustrations peut prendre divers aspects par le zoomorphisme, un homme peut avoir des traits animaux, il peut ĂȘtre possĂ©dĂ© par l'animal, rĂ©agir comme l'animal ; et par l'anthropomorphisme, un animal peut ĂȘtre humanisĂ©, parler comme l'homme. Ce dernier cas de figure est connu depuis l'AntiquitĂ© et ne choque pas. Le zoomorphisme, lui, est beaucoup plus troublant. L'homme occidental accepte mal d'avoir de l'animal en lui, tant la religion que la philosophie ont largement concouru Ă  lui interdire cette dĂ©chĂ©ance ». Voyons l'un et l'autre, l'homme animalisĂ© puis l'animal humanisĂ©. Quand l'homme est complĂštement animalisĂ©, il a pu ĂȘtre, dans la tradition, le rĂ©sultat d'une mĂ©tamorphose, le plus souvent punitive Les MĂ©tamorphoses d'Ovide, ou celles de la mythologie grecque, voient souvent un ĂȘtre humain animalisĂ© par une divinitĂ© jalouse le chasseur ActĂ©on transformĂ© en cerf par ArtĂ©mis, ou ArachnĂ© devenue araignĂ©e
. Évidemment, les auteurs jouent avec la mĂ©taphore ce ne sont pas de vrais animaux, l'histoire naturelle et la rĂ©alitĂ© de l'animal n'y gagnent rien, mais les tendances de l'individu s'y voient travesties efficacement, permettant Ă  l'homme de mieux se connaĂźtre... Dans les contes pour enfants, la transformation est gĂ©nĂ©ralement achevĂ©e quand l'histoire commence, c'est le hĂ©ros qui, depuis le dĂ©but, est animalisĂ©. Mais la mĂ©tamorphose n'est heureusement pas dĂ©finitive le hĂ©ros reprendra gĂ©nĂ©ralement sa morphologie humaine lorsqu'il aura triomphĂ© de son apparence et aura gagnĂ© l'amour de son ou sa partenaire, comme La Belle et la BĂȘte de Mme Leprince de Beaumont 1756. Mais ce passage de l'homme Ă  l'animal n'est pas le plus facile Ă  reprĂ©senter. Il est plus difficile Ă  accepter en tout cas que l'inverse, l'animal anthropomorphisĂ©. Presque toujours, la mĂ©tamorphose de l'homme devenu animal est une rĂ©gression, une chute. Il est rare que le monde animal soit idĂ©alisĂ©. Les poĂštes se reconnaissent parfois en lui Baudelaire dans L’Albatros » ou dans Le Chat ». Mais ce jugement est peu frĂ©quent et il est ambigu la femme-chatte de Baudelaire est dangereuse et volontiers fourbe, et l'Albatros est un prince incompris et dĂ©chu, un perdant. Plus sĂ»rement, quand l'homme suit ses seules passions, il s'animalise. L'anthropomorphisme est plus inoffensif que le zoomorphisme. Les animaux pensent, parlent comme des ĂȘtres humains, et tout leur comportement est un comportement humain. En fait, il semble bien que l'animal parle de l'homme et non de lui-mĂȘme ; il n'est plus qu'un prĂȘte-nom, un prĂ©texte Ă  connaĂźtre l'humain. Les fables et les contes ont usĂ© et abusĂ© de ces animaux-prĂ©textes, cachant sous la fiction une morale bien lisible. L'essentiel pour l'Ă©crivain ou le fabuliste est de renvoyer au monde familier pour Ă©clairer une pensĂ©e abstraite. Il est vrai que ces fictions se sont adressĂ©es d'abord aux adultes et continueront longtemps Ă  le faire les fabliaux du Moyen Âge en sont un bon exemple, le Roman de Renart Ă©galement. Goupil, Ysengrin, Brun et les autres sont de merveilleux personnages dont les aventures peuvent faire rire un enfant, mais ils servent aussi Ă  critiquer les mƓurs et la sociĂ©tĂ© des hommes. Les Fables de La Fontaine, inspirĂ©es d'Ésope et de PhĂšdre, avant d'ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es dans des Ă©ditions pour la jeunesse, Ă©taient aussi une façon de critiquer le siĂšcle de Louis XIV. Dans ces cas-lĂ , il est clair que les animaux ne sont que prĂ©textes, ils agissent comme des humains, mais avec plus de libertĂ© d'action encore, puisque leur animalitĂ© leur permet de dĂ©passer certaines limites que l'humain ne saurait franchir. Le procĂ©dĂ© qui consiste Ă  passer par l'animal pour viser l'homme est un procĂ©dĂ© de style qui apporte dĂ©calage et distanciation, lĂ©gĂšretĂ© et humour Ă  une analyse qui, autrement, serait peut-ĂȘtre plus austĂšre une fable de La Fontaine paraĂźt plus lĂ©gĂšre qu'un caractĂšre de La BruyĂšre, et l'animal y est pour beaucoup, mĂȘme si la morale est la mĂȘme. L'Ă©crivain, le conteur, le dessinateur, le cinĂ©aste ont la libertĂ© absolue de faire de l'animal absolument ce qu'ils veulent, Ă  des fins ludiques, dĂ©monstratives ou esthĂ©tiques. L'animal est matĂ©riau pur de leur crĂ©ation, et au moins ils ne se cachent pas pour en jouer. Pour notre plus grand plaisir... Mais force est de constater que cela 55 ne semble pas avoir changĂ© le regard posĂ© sur les rapports entre les hommes et les animaux. EugĂšne Delacroix, Lion et Serpent, 1846 La question de l'essai Parler de l’animal, est-ce forcĂ©ment parler de l’Homme ? Vous dĂ©velopperez de maniĂšre organisĂ©e votre rĂ©ponse Ă  cette question en prenant appui sur les Fables de La Fontaine, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez Ă©tudiĂ©s dans le cadre de l’objet d’étude La littĂ©rature d’idĂ©es du XVIĂšme au XVIIIĂšme siĂšcle ». Vous pourrez aussi faire appel Ă  vos lectures et Ă  votre culture personnelle. Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !C'est partiMĂ©thodologie de l'essai Trouver des idĂ©es Examiner les termes du sujet Un sujet vous invite toujours Ă  dĂ©velopper un point de vue nuancĂ© sur la question posĂ©e. La premiĂšre chose Ă  faire est donc de dĂ©celer quelle thĂšse se cache derriĂšre la question du sujet. Peser le pour et le contre Dans un essai, il s'agit donc de dĂ©fendre une thĂšse tout en la nuançant. Vous devrez donc trouver au moins deux arguments en faveur de la thĂšse que vous avez mise en Ă©vidence, et deux arguments au moins qui la nuancent. Vous aurez toujours Ă  votre disposition une Ɠuvre Ă©tudiĂ©e en classe un texte issu du sujet de la contraction votre cours, qui s'est concentrĂ© sur des parcours thĂ©matiques dont proviennent vos sujets votre culture personnel Organiser ses idĂ©es Les idĂ©es, dans un essai, doivent ĂȘtre organisĂ©es selon leur cohĂ©rence. Les arguments pour » se suivent et les arguments contre » se suivent. Les deux blocs » sont sĂ©parĂ©s par une phrase de transition. Surtout, chaque argument est suivi d'un ou de plusieurs exemples, lĂ  encore tirĂ©s des textes prĂ©sents dans le sujet ou bien issus de votre culture gĂ©nĂ©ral. Vous pouvez toujours vous aider d'un tableau, qui contribue gĂ©nĂ©ralement Ă  Ă©claircir les choses. RĂ©diger ses idĂ©es Introduction et conclusion au brouillon Il faut, dans le meilleur des cas, seulement rĂ©diger entiĂšrement l'introduction et la conclusion sur votre brouillon. Introduction Votre introduction doit comporter une phrase d'amorce, comme l'introduction du thĂšme de l'essai ou un lien fait avec le texte de la contraction une reformulation du sujet l'annonce des grands axes de votre rĂ©ponse Conclusion Dans la conclusion, vous rĂ©sumez de maniĂšre claire et synthĂ©tique pour rĂ©pondre Ă  la question posĂ©e par le sujet. Le dĂ©veloppement Votre dĂ©veloppement s'appuie sur le plan que vous avez Ă©tabli au brouillon, soit grosso modo les lignes de votre tableau. Chaque paragraphe de votre dĂ©veloppement correspond Ă  un argument, illustrĂ© par un ou plusieurs exemples. Dans le meilleur des cas, entre chaque paragraphe se trouve une phrase de transition, qui conclut le paragraphe ou ouvre l'autre. Relecture Dans le meilleur des cas, vous vous ĂȘtes rĂ©servĂ© dix minutes pour vous relire. Ce sont de prĂ©cieuses minutes, puisqu'elles vous Ă©viteront des fautes d'inattention qui peuvent vous pĂ©naliser dans la note finale ! RĂ©daction du sujet de l'essai Nous donnons ici une rĂ©daction aussi exhaustive que possible. Mais d'autres plans, d'autres arguments, d'autres exemples sont possibles et, surtout, vous n'aurez jamais Ă  Ă©crire autant. Vous n'avez que deux heures environ pour cette Ă©preuve ! Introduction La reprĂ©sentation de l'animal dans la littĂ©rature existe depuis l'AntiquitĂ©. Les fables d'Ésope, dĂ©jĂ , mettaient en scĂšne des animaux aux traits humains c'Ă©taient les dĂ©buts de l'anthropomorphisme. Mais il souhaitait moins figurer la faune que l'humanitĂ© elle-mĂȘme. L'Ă©crivain, portĂ© par son dĂ©sir de la mĂ©taphore et ses tendances Ă  la moralisation, semble ainsi ne jamais pouvoir parler d'autre chose que de l'Homme, Ă©tant lui-mĂȘme un Homme. Illustration de Grandville Annonce de la problĂ©matique DĂšs lors, la reprĂ©sentation des animaux en littĂ©rature a-t-elle toujours vocation Ă  dire quelque chose de l'Homme ? Annonce du plan Nous verrons dans un premier temps que, trĂšs souvent, parler de l'animal revient effectivement Ă  parler de l'Homme. Mais quelques Ă©crivains se sont nĂ©anmoins attachĂ©s Ă  considĂ©rer le monde animal dans sa singularitĂ©, pour le mettre seul au centre de ses prĂ©occupations. DĂ©veloppement L'animal comme l'Homme Il semble Ă©vident que nombre de reprĂ©sentations animales ont en fait vocation Ă  dire quelque chose de l'Homme. L'anthropomorphisme a cette visĂ©e-lĂ , dĂšs son origine. C'est que le recours Ă  la figure animale permet d'apporter un nouveau regard sur la sociĂ©tĂ© des Hommes. L'anthropomorphisme Il existe, depuis l'AntiquitĂ©, tout un bestiaire traditionnel. Les mythes eux-mĂȘmes, dont dĂ©coulent les rites et les croyances, ne savent s'inspirer que du monde animal pour dire quelque chose de l'Homme. En retour, ce sont ces croyances qui ont offert Ă  La Fontaine ses sujets de fables. Il ne s'est pas intĂ©ressĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ© naturaliste pour Ă©laborer ses histoires qui a dĂ©jĂ  vu un corbeau manger un fromage ? Il cherche plutĂŽt Ă  reprĂ©senter les Hommes Ă  travers les traits imaginaires des animaux. Comme il l'affirme au Dauphin, le fils du Roi Ă  qui sont dĂ©dicacĂ©es ses Fables Je me sers d'animaux pour instruire les hommes. » C'est la raison pour laquelle les animaux de La Fontaine parlent ce sont, avant toute chose, des Hommes. L'animal n'est pas dĂ©crit pour lui-mĂȘme, mais pour le type humain qu'il incarne. Dans Les animaux malades de la peste », jamais l'observation animale n'a mis en Ă©vidence la cohabitation grĂ©gaire d'animaux de toutes sortes, qui se rĂ©uniraient pour dĂ©signer un coupable Ă  une Ă©pidĂ©mie dont ils seraient conscients. C'est ici la nature injuste de l'Homme, et non de l'animal, que La Fontaine veut prĂ©senter. Transition Il est ainsi plus simple de prĂ©senter Ă  l'Homme ses travers sous les traits d'un animal. Nouveau regard sur la sociĂ©tĂ© des Hommes Dans Les CaractĂšres 1688, le poĂšte La BruyĂšre convoque des animaux pour les comparer aux humains. Il utilise sa comparaison de maniĂšre didactique, notamment pour faire comprendre Ă  son lecteur la folie absurde de la guerre 
 si l’on vous disait que tous les chats d’un grand pays se sont assemblĂ©s par milliers dans une plaine, et qu’aprĂšs avoir miaulĂ© tout leur soĂ»l, ils se sont jetĂ©s avec fureur les uns sur les autres [
]. Et si les uns et les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire [
] ne ririez-vous pas de tout votre cƓur de ces pauvres bĂȘtes ? » Les Fables de La Fontaine, dessins originaux de Grandville 1837-1838 Passer par le bestiaire permet plus de diplomatie, et une meilleure visualisation des choses. En effet, par dĂ©finition, faire de l'animal un homme, c'est imager les choses, et c'est moins violent que d'accuser directement son lectorat. Cela est d'autant plus vrai pour les enfants, ce qui explique pourquoi les fables de La Fontaine ont finalement Ă©tĂ© reprises pour la littĂ©rature jeunesse, alors qu'elles se destinaient Ă  la cour en son temps. Du reste, l'Ă©poque contemporaine s'est emparĂ© du procĂ©dĂ©. Ainsi, dans RhinocĂ©ros 1959, le dramaturge EugĂšne Ionesco reprĂ©sente un village dans lequel les habitants se mĂ©tamorphosent tous en rhinocĂ©ros. Il veut alerter par lĂ  sur la propagation hideuse et scandaleuse du fascisme, qui reprĂ©sente une dynamique incomprĂ©hensible et pourtant parfaitement humaine. Transition Mais notre modernitĂ© littĂ©raire a su aussi s'arracher de l'anthropocentrisme pour considĂ©rer le monde animal Ă  part entiĂšre. L'animal, un personnage Ă  part entiĂšre L'animal a une rĂ©alitĂ© propre et se diffĂ©rencie de l'Homme. La Fontaine avait pu, dĂ©jĂ  le reconnaĂźtre. Mais c'est notre modernitĂ© qui, avançant dans la science d'une part et s'inquiĂ©tant de l'Ă©cologie d'autre part, a donnĂ© de plus en plus d'importance singuliĂšre Ă  la faune. Intelligence animale MalgrĂ© l'abondance des mĂ©taphores dans les Fables de La Fontaine, certains de ses apologues laissent entrevoir une considĂ©ration indĂ©pendante du monde animal. À rebours de ce qu'en pense Descartes dans son Discours de la mĂ©thode 1637, le fabuliste reconnaĂźt que les animaux possĂšdent Non point une raison selon notre maniĂšre / Mais beaucoup plus aussi qu'un aveugle ressort ». Il met mĂȘme en scĂšne cette singuliĂšre intelligence dans sa fable Les deux Rats, le Renard, et l'Ɠuf », en racontant comment deux rats parviennent Ă  transporter un Ɠuf. Et d'affirmer Qu'on m'aille soutenir aprĂšs un tel rĂ©cit, Que les bĂȘtes n'ont point d'esprit. Pour moi si j'en Ă©tais le maĂźtre, Je leur en donnerais aussi bien qu'aux enfants. Ceux-ci pensent-ils pas dĂšs leurs plus jeunes ans ? Quelqu'un peut donc penser ne se pouvant connaĂźtre. Transition De fait, les travaux scientifiques ont permis de mettre au jour l'intelligence animale. Ces dĂ©couvertes contribuent Ă  offrir aux animaux une place de choix dans la littĂ©rature. LittĂ©rature et science Le discours scientifique a assurĂ©ment modifiĂ© le regard que l'on porte sur l'animal. Combien de documentaires trouve-t-on qui s'Ă©merveillent des modes de communication ou d'organisation sociale trouvĂ©s par les animaux ? La littĂ©rature a tĂŽt fait de s'emparer de ces connaissances, pour faire de l'animal un sujet Ă  part entiĂšre. On peut ainsi Ă©voquer le roman de Bernard Werber, Les Fourmis 1991. Ce livre est divisĂ© en deux univers distincts, qui finissent, comme une preuve littĂ©raire que les deux se valent, par se recouper Ă  la fin du rĂ©cit le monde des humains et celui des fourmis. Bernard Werber est un cĂ©lĂšbre auteur de romans français. Sa trilogie sur les Fourmis lui a donnĂ© sa notoriĂ©tĂ©. Transition Mais d'autres Ă©crivains veulent simplement consacrer la beautĂ© du monde animal, qui s'envisage certes toujours en comparaison Ă  la violence du monde humain. LittĂ©rature et beautĂ© Certaines Ɠuvres d'art prennent en effet pour objet l'animal, en marge d'un rĂ©cit ou comme sujet principal, moins pour parler de l'homme que pour mettre en Ă©vidence sa beautĂ© tout Ă  fait singuliĂšre. On trouve ainsi le Tendre bestiaire 1969 de Maurice Genevoix, dans lequel l'Ă©crivain dĂ©crit les animaux des champs et des forĂȘts qu'il a observĂ©s au cours de ses promenades. Il y affirme la beautĂ© indĂ©pendante du monde animal, qui lui donnerait presque une supĂ©rioritĂ© sur le monde humain L'homme contemporain, gallupĂ©, ifopĂ©, codĂ©, ordinatorisĂ©, encartĂ©, parquĂ©, et mĂȘme parkinguĂ©, aura beau multiplier ses termitiĂšres et ses casernes, il ne parviendra pas Ă  dĂ©figurer, ou si peu, les beautĂ©s naturelles qui, malgrĂ© tout et malgrĂ© lui, lui sont offertes et mĂȘme prodiguĂ©es. Conclusion Il est Ă©vident que l'Ă©vocation du monde animal soit une maniĂšre, pour les littĂ©rateurs, de parler de l'Homme. Sur quoi d'autre pourraient-ils Ă©crire ? DĂšs l'Ă©laboration des mythes, l'Homme a dĂ» s'inspirer de la Nature pour se comprendre lui-mĂȘme, et il a toujours rĂ©flĂ©chi avec cette analogie. Certes, le succĂšs de l'anthropomorphisme montre une dĂ©rive ne plus considĂ©rer la singularitĂ© du monde animal pour ne faire de celui-ci qu'un simple miroir de l'Homme. Mais les avancĂ©es scientifiques ont peu Ă  peu redonnĂ© sa singularitĂ© Ă  la faune, qui est par ailleurs fĂȘtĂ©e chez certains Ă©crivains pour ce qu'elle est, indĂ©pendamment de l'Homme. m350.
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